Édito : Navetane, l’Etat veut une maîtrise du calendrier

Au début, juste une belle trouvaille pour meubler utilement les vacances scolaires par la pratique du sport et des activités culturelles et servir d’antichambre à l’élite. Ensuite un vaste mouvement  populaire qui l’a transformé en véritable phénomène. Aujourd’hui il est victime de son succès au point d’en faire une équation sportive à résoudre sans l’effacer du calendrier sportif national, une énorme machine à recadrer.

On peut de cette façon tenter de résumer l’évolution du mouvement Navetane dans le temps. L’enthousiasme contagieux constaté combiné à toute la passion qu’il charrie expliquent cette  adhésion populaire qui se mesure par des chiffres assez révélateurs pour déterminer sa taille sportive et son poids sur une bonne partie de la jeunesse.

Plus de 235 000 licenciés sont répertoriés sur l’ensemble du terroir.  Autant ces chiffres sont  flatteurs autant ils ont eu pour conséquences de prendre le mouvement en otage et  de le sortir de  son lit originel  pour verser dans la démesure. Outre les talents qu’il a secrétés et des dirigeants qu’il a révélés, des hommes politiques en ont fait leur tremplin, des hommes d’affaires ont bénéficié de son aura et de son impact. Comme tout phénomène qui grandit et qui grossit il développe en même temps les germes de sa propre destruction.

C’est ainsi que dans sa fulgurante ascension, il n’a pas su où pu mettre les gardes fous nécessaires pour  sauvegarder sa mission première. Celle d’un mouvement sportif alternatif pour enrichir les effectifs de notre élite. Ainsi il  est devenu le refuge et l’exutoire de la violence dont il n’est pas le seul à détenir le monopole. La furie des supporters se déverse parfois  dans la rue après les rencontres de football perturbant la quiétude des riverains des stades et ainsi que celle d’honnêtes citoyens. Autre tare que traîne le mouvement c’est son caractère interminable.

Conçu pour la durée des vacances le Navetane a fini par s’étirer sur presque toute l’année. Du coup il est devenu gênant pour les compétitions officielles de la Fédé de foot et un frein pour le sport scolaire et Universitaire. Le conseil des ministres a donc décidé de ramener le Navetane  dans son lit naturel en le limitant juste aux vacances scolaires pour éviter toute forme dérapage. En prenant cette décision au plus haut sommet de l’état on mesure aisément le danger que cela représente et la nécessité de repenser tout un mouvement. Comment s’y prendre sans heurter et sans exclure des milliers de jeunes ayant une véritable addiction au Navetane? C’est l’équilibre à trouver à travers ce vaste chantier qui doit tenir compte de plusieurs paramètres pour sa réussite. D’abord la liberté d’association et la question des infrastructures qui sont des réalités incontournables, ensuite  la relance obligatoire du sport scolaire et universitaire  pour éviter de déperdition important. Puis qu’elle articulation avec l’élite et ses relations avec le foot officiel. Juste trouver la bonne formule pour traduire la pertinence du problème soulevé par le conseil des ministres qui cache beaucoup de questions à régler notamment des textes à revoir pour marquer la véritable rupture.

Abdoulaye DABO