La chronique CAN de B.K.N
Deux jours à attendre fébrilement pour savoir sur quel pied danser le « Coupé Décalé » ou le « Zougoulou »… Deux longs jours à se demander si le sucre ou le chocolat annoncé pour assaisonner cette CAN ivoirienne ne virerait pas au sel, voire carrément au piment…
Depuis que, lundi dernier, le « Nzalang nacional » de Guinée équatoriale a proprement humilié les « Eléphants » avec un cinglant 4 – 0, dans un stade olympique Alassane Ouattara d’Abidjan subitement devenu aussi silencieux que la Cathédrale Notre Dame de la Paix de Yamoussoukro, tout un pays vivait dans le doute et vacillait entre espoir et crainte.
Espoir que les potentielles concurrentes de son équipe nationale dans la course à la qualification au second tour se prennent les pieds dans le tapis, afin que la leur se fasse une petite place, même la toute dernière, dans la charrette des meilleures troisièmes, invitées au second tour. Et crainte que tout cela tourne en eau de boudin, en même temps que le rêve des huitièmes vire au cauchemar d’une élimination très peu glorieuse.
C’est clair : les « Eléphants » n’avaient plus leur destin en main. Il ne leur restait qu’à prier. A mesure qu’ils grillaient leurs jokers, tout un pays sombrait lentement vers l’anxiété. Ce mercredi soir donc, alors qu’il ne leur restait qu’une ultime chance d’accrocher le dernier wagon pour le second tour, les 29 millions d’Ivoiriens ont entièrement pris fait et cause pour le Maroc.
Les « Lions de l’Atlas » n’ont certainement jamais été autant soutenus aussi loin de leurs bases que face aux « Chipolopolo » de Zambie. Et comme investis d’une mission, ils ont filé le petit but suffisant pour consolider leur première place au classement de la Poule F et, surtout, nécessaire pour sauver in extremis le pays organisateur de la honte d’une élimination au premier tour dès le premier tour. Comme en 1984.
Voilà comment les « Eléphants » sont revenus de l’Enfer. Passés par le chas d’une aiguille. Et voici comment les … pires des quatre meilleurs troisièmes se retrouvent en position de croiser, lundi prochain, pour une place en quarts de finale, la meilleure (jusqu’ici) des 24 équipes ayant pris part à cette 34e Coupe d’Afrique des Nations : le Sénégal, seul à avoir réussi un carton plein.
Et, croyez-moi, c’est loin d’être un cadeau pour les « Lions ». A Yakro et à Babi (le petit nom d’Abidjan), comme partout à travers la Côte d’Ivoire, on s’est remis à espérer. Les « miraculés » ont retrouvé de l’ambition. « Il faut se méfier d’un Eléphant blessé », entend-on désormais. Comme un avertissement lancé aux « Lions ». Pourvu que cela ne tombe pas dans l’oreille de sourds…