Cheikh Tidiane Sidibé : «Comment je suis devenu spécialiste des balles arrêtées»

Même si Teungueth FC a bien réussi à le cloner avec Joseph Layouss Samb, Cheikh Tidiane Sidibé reste la référence. L’actuel joueur d’Azam FC en Tanzanie est un grand spécialiste dans l’exécution des balles arrêtées. Depuis tout petit, l’arrière a mis au supplice des gardiens. Ses propres coéquipiers à l’entraînement et les portiers adverses en match. Dans cet entretien avec Dsports.sn, il raconte tout.

Cheikh Tidiane Sidibé, te considères-tu comme un grand spécialiste des coups de pied arrêtés ?

Cheikh Tidiane Sidibé : Rires. Je pense effectivement que je peux me considérer comme un spécialiste des coups de pied arrêtés. En tout cas, parmi les joueurs sénégalais, je fais partie de ceux qui en convertissent le plus. C’est un exercice que j’adore. Depuis que je suis tout petit, j’ai su que j’avais de très bonnes aptitudes dans les frappes de balle. Ça a toujours été un atout pour moi et les équipes de quartier dans lesquelles j’ai joué. Au fil des années, je me suis toujours efforcé à améliorer ma technique de frappe pour avoir plus de puissance et de précision. C’est comme ça que je suis devenu un spécialiste dans l’exercice.

Justement, combien de temps passes-tu aux entraînements pour t’exercer aux coups de pied arrêtés ?

Je peux passer même deux heures en individuel juste pour m’exercer. C’est un travail de longue haleine. Il m’arrive d’aller au terrain avec mes ballons, seul, juste pour enchaîner les tirs de plusieurs façons. Maintenant, quand c’est à l’entraînement de l’équipe, au maximum, j’y consacre une trentaine de minutes. C’est d’ailleurs le moment pour moi de rendre hommage à quelques-uns de mes coéquipiers gardiens de but avec lesquels j’ai passé du temps à m’exercer. Baye Assane Cissé, Diakha, Dialy Kobaly Ndiaye, Pape Mamadou Sy, Pape Seydou Ndiaye, Pape Diatta Ndiaye, Yankhoba Diatta. Et même Cheikh Lô Ndoye en 2019 lorsque j’étais au Jaraaf ‘’niame neu’’ (rires ; ndlr : Et même Cheikh Lô a souffert le martyr).

« Je préfère les coups francs aux penalties »

Cheikh Tidiane Sidibé est-il du genre à compter le nombre de buts qu’il marque sur coup-franc aux entraînements et en matchs officiels ?

Hahaha. Non je ne les compte plus malheureusement. J’en ai marqué un paquet depuis les petites catégories jusqu’à aujourd’hui. C’est récemment, avec la prolifération des chaînes YouTube, que les gens en parlent beaucoup. Mais j’ai, de tout temps marqué, des coup-francs. Dans toutes les équipes où j’ai joué, j’en ai mis. Il m’est même arrivé de mettre des doublés. Lors de ma dernière année à Teungueth (2022-2023), j’ai réalisé deux doublés. Un en Coupe du Sénégal et un en championnat. J’adore toutes les positions. Je sais marquer de plusieurs endroits. A droite, dans l’axe ou à gauche, je peux mettre le ballon au fond. J’ai acquis la technique au fil de mes entraînements. Et à chaque position et selon le nombre de personnes dans le mur, je sais comment m’y prendre.

Mais tu as tout de même une position préférentielle ?

Oui. Comme je suis gaucher, j’aime bien quand c’est à droite. Et surtout à 25 mètres ou plus. Ça me permet de mettre de la puissance dans la frappe. En fait, cela surprend certains gardiens. Ils ne se doutent pas que j’ai cette force de frappe.

A t’entendre parler, on soupçonne que tu préfères les coups francs aux penalties ?

C’est bien les penaltys. Tu as un taux de transformation beaucoup plus grand. Mais pour dire vrai, je préfère les coups francs. J’adore ça vraiment. C’est ma spécialité.

Et les corners ?

J’aime bien aussi. J’en ai déjà marqué mais c’était à chaque fois en match amical.

Parmi tes coups francs, lequel estimes-tu le plus beau ou le plus important ?

Pour moi, mon plus beau but sur coup franc reste celui que j’ai marqué contre l’AS Pikine quand j’étais au Jaraaf. C’était lors d’un match de la Coupe de l’Assemblée nationale en 2018. On fait 1-1 dans le match et on gagne aux tirs au but ensuite. Je marque le but du Jaraaf sur coup franc. C’était un peu à l’entrée de la surface, je loge la balle dans la lucarne opposée. Celui contre l’ASAC Ndiambour aussi en 2019, j’aime bien. Ça devait être à 35 mètres ou plus au stade Léopold Sédar Senghor. Si je ne me trompe, c’est Oumar Ba qui était dans les cages, un ancien du Jaraaf. Après, je considère qu’ils sont tous importants. Parce que certains, c’était pour prendre l’avantage ou une égalisation.

Il t’arrive de regarder des vidéos de coups francs ?

Ah oui. J’ai des références dans l’exécution des coups francs. Il y a Roberto Carlos. Il jouait au même poste que moi. C’était un as. Sa frappe de balle était incroyable de puissance et de précision. David Beckham et Juninho aussi, j’adorais. J’ai regardé plusieurs de leurs vidéos. J’étudie leur manière d’exécuter. Les moindres détails. La course d’élan, le positionnement, l’effet qu’ils mettent et l’angle qu’ils choisissent pour mettre le ballon. Je passe sincèrement beaucoup de temps à regarder leurs vidéos.

En équipe locale avec laquelle tu remportes le CHAN 2022, tu partageais la sélection avec un autre spécialiste des CPA en la personne de Lamine Camara, comment êtes-vous parvenus à vous répartir l’exécution ? Vous arrivait-il à l’entraînement de vous mettre en compétition ?

Effectivement, on en discutait avant les matchs. On avait trouvé un terrain d’entente et chacun savait lesquels étaient pour lui. On avait su tisser un petit lien. Lors de mon passage à Génération Foot, aux entraînements, le coach Olivier Perrin nous mettait en compétition : Lamine Camara, les autres tireurs et moi-même. Le plus souvent, je gagnais parce que sur le côté gauche, j’en profitais pour maximiser.

Demba VARORE