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Il y a quatre ans jour pour jour, ce 31 mars, que nous quittait Pape Diouf. Homme multidimensionnel dont le cours de la vie a parfois pris des détours pas forcément évidents.

Agent de joueurs au portefeuille très garni, Pape Diouf a tutoyé les sommets en devenant président de l’Olympique de Marseille. Mais il est resté profondément journaliste. Viscéralement journaliste. « Le journalisme a été mon seul véritable métier. Je l’ai mieux jugé encore après en être parti, parce que je l’ai appréhendé sous d’autres angles », écrit-il notamment dans son livre « C’est bien plus qu’un jeu » paru en 2013 chez Grasset.

Dans un milieu où il est très difficile de faire l’unanimité, Pape Diouf a su évoluer pendant des décennies sans trainer de casseroles et sans jamais avoir été pris en flagrant délit de déviance ou de … hors-jeu. Très respecté autant de ses confrères en France et partout en Afrique que des responsables du football au plus haut niveau, il était une plume avertie. Une voix écoutée. Sa parfaite connaissance du milieu et sa forte personnalité en avaient fait une personnalité de premier plan dans le monde du football.

D’une extrême générosité, Pape Diouf aimait partager. Son savoir comme son avoir, même s’il n’a pas toujours été récompensé en retour (pour ne pas dire qu’il a essuyé quelques coups bas). Mais, le cherchait-il seulement ? Le voulait-il vraiment ? Certainement pas. Il voulait juste être utile, apporter sa pierre à l’édifice. Comme lorsqu’il avait lancé au Sénégal le journal « Le Sportif » vers les années 1990 qui avait malheureusement fait long feu.

Pape Diouf, mort à 68 ans ? « Seulement », sommes-nous tenté d’ajouter. C’est sûr qu’on aurait aimé l’avoir à nos côtés et nous accompagner, ainsi que la jeune génération de journalistes, ses « héritiers » dans un métier « devenu un journalisme (qu’il) n’aime pas », vu les nombreuses dérives et entorses faites à ce qu’il appelle, comme bien d’autres avant lui, « le plus beau métier du monde ».

Mais Pape Diouf est toujours vivant en nous journalistes essentiellement. Et en d’autres aussi qui ont eu à croiser son chemin, car il était de ces gens dont on garde toujours quelque chose de fort après une rencontre, si brève soit-elle. Les vérités assénées dans son livre « C’est bien plus qu’un jeu » devraient servir de bréviaire et de viatique à tout journaliste soucieux de faire honneur à sa profession.

Sa sentence est implacable : « Aujourd’hui l’enquête disparait et l’analyse perd de sa profondeur et de sa substance ». La course au buzz, la chasse aux potins et aux ragots et le traitement de plus en plus superficiel de l’actualité passent de plus en plus pour être les chemins les plus empruntés.

C’est justement parce qu’il en est ainsi que Pape Diouf sera longtemps encore vivant en nous. Car, il représente cette boussole qui indique la voie à suivre par temps trouble, l’exemple à suivre lorsque les repères se brouillent et la conscience professionnelle qui devrait nous redresser pour ne pas prendre les chemins de traverse.

B.K.N

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