Yousouf Sabaly et la sélection, c’est fini. Les blessures à répétition ont obligé le latéral droit de 31 ans a tourné le dos à l’équipe nationale du Sénégal.
Retour sur une carrière internationale au goût inachevé
32 sélections, 1 but, 2 passes décisives
Né le 5 mars 1993 à Chesnay, Youssouf Sabaly a longtemps évolué dans les catégories de jeune de la France. Mais au moment de faire un choix définitif, il n’a pas hésité entre son pays de naissance et celui de ses ancêtres. Celui qui se disait « plus Lion que Coq », a répondu à l’appel du Sénégal en 2017.
Depuis sa première sélection le 10 novembre contre l’Afrique du Sud (2-0) en éliminatoire du Mondial 2018, Sabaly a toujours été titulaire en équipe nationale, en témoigne ses 32 apparitions dans les différentes onze de départ concoctées par Aliou Cissé pour un but (contre Mozambique 5-1 en mars 2023) et deux passes décisives.
6 matchs de CAN et 7 rencontres de Coupe du monde
Sa première grande compétition avec le Sénégal a été une réussite. Lors de la Coupe du monde en Russie, il a été l’une des grandes satisfactions de Cissé. Sa polyvalence l’avait permis d’occuper le côté gauche de la défense et laissé la droite à Moussa Wagué. Les deux hommes s’étaient distingués lors de la 2e journée contre le Japon (2-2). Une lumineuse passe de Sabaly venue de la gauche avait offert un magnifique but à Wagué.
Quelques mois plus tard, Youssouf Sabaly avait donné rendez-vous au Caire. En Egypte, le latéral droit polyvalent avait disputé six matchs sur sept possibles.
Finaliste malheureux (battu par l’Algérie 0-1), l’ancien des Girondins de Bordeaux voulait se racheter au Cameroun, à l’image de ses coéquipiers, mais une blessure l’avait empêché de prendre part à ce grand rendez-vous continental qui avait sacré les Lions au soir du 6 février à Yaoundé.
De retour en mars 2022, il avait participé à la Coupe du monde au Qatar. Sur son côté droit, Sabaly avait encore étalé toute sa classe. Discipliné tactiquement et difficile à manœuvrer par les adversaires, il aura été l’un des meilleurs Lions à Doha.
La dernière CAN avait sonné comme celle de la dernière CAN pour Youssouf Sabaly. Malgré sa blessure, il avait été retenu par Aliou Cissé pour le rendez-vous en Côte d’Ivoire. Mais il n’a pas pu disputer la moindre minute à Yamoussoukro, puisque le Sénégal sera éliminé en 8e de finale. Un échec qui a poussé le Lion à prendre sa retraite internationale.
« De la polyvalence, mais aussi beaucoup de tonicité »
Un des joueurs les plus réguliers en sélection ces dernières années, Youssouf Sabaly était à l’aise à droite comme à gauche.
« Je suis polyvalent et ça ne me dérange pas de jouer à gauche. L’essentiel, c’est de s’adapter. C’est différent selon qu’on est à gauche ou à droite. À gauche, je suis sur mon pied faible », disait-il.
« Notre priorité en tant que latéraux reste bien évident la défense et sécuriser notre côté mais de temps en temps, des espaces s’ouvrent devant nous et c’est là que mes qualités de contre-attaquant parlent. L’apport offensif vient de la confiance que tu accumules derrière avec un bon tacle, un bon placement et une relance qui fait remonter ton équipe. Sans ça, tu ne peux prétendre à faire des aller-retour dans ton couloir », ajoutait-il Sabaly à la veille du Mondial 2018.
« Youssouf a de la polyvalence, mais aussi beaucoup de tonicité. C’est important pour un latéral, parce qu’on est souvent provoqué par des joueurs qui ont des qualités techniques au-dessus de la moyenne. Il a un petit gabarit et un centre de gravité très bas. Il n’a pas forcément une super première relance longue, mais, avec sa vivacité dans le jeu, il arrive à trouver des relais et à être très bon offensivement », avait analysé Habib Bèye au sujet du jeu de Sabaly.
« Un joueur correct, respectueux, pétri de talents »
Du côté de la presse, la discipline et le professionnalisme de Youssouf Sabaly ne sont pas passés inaperçus. Pour le président de l’Association nationale de la Presse sportive du Sénégal (ANPS), « Sabaly mérite un vibrant hommage ».
« Il me rappelle Omar Daf. Sabaly est un joueur correct, respectueux, pétri de talents. Il a été énorme avec la sélection. Jamais il n’a eu à avoir un écart de langage. Il a toujours été disponible avec les médias. Pieux, il était aussi très intéressant à interviewer. Du couloir gauche au couloir droit, il a été une assurance à tout point de vue. Jamais un mot de trop. Toujours juste, correct. Honnêtement j’ai aimé ce joueur », témoigne Abdoulaye Thiam.
Ayant pris sa retraite à l’âge de 31 ans, Youssouf Sabaly laisse derrière lui un couloir droit qui se souviendra longtemps de son occupant habituel. Désormais les clés seront confiés à Krépin Diatta qui a montré, lors de la dernière CAN, qu’il faudra compter sur lui. Reste à trouver une doublure au piston de l’AS Monaco.
Aliou FAYE