Ancien attaquant de l’US Gorée, Mamadou Diop a quitté son club dans des circonstances controversées. Son licenciement est lié à sa pratique religieuse durant le dernier mois de Ramadan. Une décision qu’il a acceptée sans pour ne pas renoncer à ses convictions. Dans cet entretien avec Dsports, Mamadou revient sur cette période, ses aspirations, et partage un message de persévérance pour les jeunes joueurs.
Entretien.
Pouvez-vous nous expliquer les circonstances de votre licenciement par l’US Gorée cet été ? Est-ce vraiment lié à vos pratiques religieuses pendant le Ramadan ?
Mamadou Diop : En réalité, je parlerais plutôt d’une résiliation à l’amiable, même si c’est le club qui en a pris l’initiative. Ils ont souhaité se séparer de moi alors qu’il me restait encore un an de contrat. En tant que professionnel, j’ai accepté. Ce choix du club est lié à mes pratiques religieuses durant le Ramadan 2024. Ils m’ont clairement expliqué que mon jeûne, qui m’avait poussé à manquer trois ou quatre matchs, n’était pas compatible avec leur vision. Ils ne toléraient pas les joueurs qui jeûnent. J’ai donc accepté leur décision, par respect pour mes convictions religieuses.
Comment avez-vous vécu cette période ?
Mamadou Diop : Pour être honnête, ce n’était pas simple. J’étais partagé entre le doute et l’incertitude, car j’avais de grands projets pour cette saison avec l’US Gorée, en espérant même devenir le meilleur buteur. En tant que croyant, cependant, je me suis remis à Dieu, et cela m’a permis de traverser cette épreuve avec calme et détermination. C’est un manque de respect envers mon intégrité et mes croyances. Le sport et la religion ne devraient pas être en opposition. Si cela n’affecte pas les performances d’un joueur, alors le club n’a aucun droit de lui interdire de jeûner.
Quelles étaient vos attentes vis-à-vis du club pendant le Ramadan ? Avez-vous essayé de trouver des solutions avec eux avant que cela ne mène à une exclusion ?
Je pensais que le club prendrait en considération le mois de Ramadan et proposerait des aménagements pour les joueurs musulmans, surtout dans un pays où plus de 95 % de la population pratiquent l’islam. Certains clubs imposent à leurs joueurs de ne pas jeûner, mais c’est un choix personnel. J’aurais aimé que le club focalise son jugement sur mes performances plutôt que sur le fait que je jeûne ou non. J’en ai discuté avec le coach, qui m’a dit que c’était une décision de l’administration. Finalement, ils m’ont mis à l’écart tout au long du Ramadan, puis ont rompu mon contrat en fin de saison alors qu’il me restait un an de contrat.
Depuis votre départ, avez-vous reçu des offres d’autres clubs ?
Oui, plusieurs clubs m’ont approché depuis mon départ. Si je n’ai pas encore signé, c’est parce que nous discutons encore. Mon entourage et moi voulons faire le bon choix pour la suite de ma carrière.
Pensez-vous que votre exclusion influence maintenant votre recherche d’un nouveau club ? Y a-t-il eu des malentendus ou des rumeurs qui pourraient décourager certains clubs ?
Des rumeurs ont circulé sur les raisons de mon départ de l’US Gorée, ce qui a pu surprendre certains clubs. Mais je ne pense pas que cela freine réellement ma recherche. Mon entourage est mobilisé pour trouver une solution adaptée.
Quelles sont vos aspirations pour la suite de votre carrière ?
Bien sûr, l’objectif est de rester compétitif, mais comme tout joueur local, je rêve aussi d’une opportunité à l’international. Mon ambition est de valoriser mon talent à l’étranger, mais chaque chose en son temps.
Si vous aviez l’opportunité de parler directement avec vos anciens coéquipiers et supporters, que souhaiteriez-vous leur dire concernant cette situation ?
Certains de mes coéquipiers et supporters ont été surpris de mon départ, surtout après mes performances. J’étais le meilleur buteur du club et j’ai figuré six fois dans le onze type de la semaine. À eux, je dirais que cela ne me déstabilise pas. J’ai choisi de rester fidèle à mes convictions, car ma foi passe avant tout. Cela ne remet pas en question le talent des autres joueurs, mais chacun a sa propre responsabilité face à ce choix.
Aux jeunes, je dirais de rester fidèles à eux-mêmes. Croyez en Dieu, croyez-en vous, et n’abandonnez jamais vos valeurs, même si cela vous coûte. Quand on sait ce qu’on vaut, on apprend à résister à certaines pressions. L’authenticité et la persévérance sont les clés du succès.
Khadim DIAKHATÉ