La rumeur a fini par devenir une réalité. Elle a amusé, intrigué, préoccupé et connu l’étouffement pendant des mois sans la moindre fuite pour la stabilité du groupe mais elle a connu le sort de tous les secrets de polichinelle. Aujourd’hui elle a transpercé les murs de la grande discrétion et défié toutes les velléités de médiation. Le départ de Régis Bogaert était à ranger au rayon de cas sérieux et complexes qu’il fallait trancher. Et non une gestion en sourdine que les décibels de la triste réalité allaient jeter au grand jour et sur la place publique.
Régis Bogaert ne voulait plus rester et ne pouvait plus rester sur le banc de l’équipe nationale du Sénégal. Entre Aliou et son adjoint ce n’était plus une simple fissure que l’on pouvait recoller en jouant sur le temps ou en usant de médiation. La fissure s’est transformée en cratère. Une longue amitié précédée d’un chapelet d’éloges fait de reconnaissance et gratitude mutuelle s’est brisée. Un maillon de la chaine technique s’est cassé en plein vol. L’un rythmait les pas de l’autre dans un univers qu’il ne maîtrisait pas encore car l’expertise dans la gestion de groupe était le point fort de Régis Bogaert. Ils se complétaient dans les choix tactiques jusqu’à l’apparition des premiers grains de sable dans la machine au vu et au su de la fédération.
Pendant le mondial 2018 Régis fut écarté au profit de Daf, à la Can 2019 en Égypte c’est Youssouph Dabo qui était aux côtés de Cissé. Le must s’est produit à la dernière Can où les deux hommes jadis complices ne se sont pas accordés sur les choix. Suffisant pour une overdose de couleuvres. Ces ultimes butes qui viennent contrarier la poursuite des plus beaux compagnonnages et les belles aventures qui durent dans le temps. Les relations du binôme Cissé Bogaert ont atteint la frontière où le stratège s’arrête pour laisser continuer le meneur d’hommes entre deux campagnes Can et Mondial.
Régis Bogaert est donc parti après 9 années marquées par plusieurs campagnes parmi lesquelles celle du sacre historique au Cameroun. Le nom et l’image de cet homme de l’ombre resteront collés à ce succès historique. Il nous a été révélé par Aliou Cissé lui même qui a bénéficié de son expertise pendant sa formation de footballeur en France. Comme un renvoi d’ascenseur Régis débarque au Sénégal avec armes et bagages pour épauler celui qui fut son poulain.
Inconnu au Sénégal certes, mais nanti d’une réputation de formateur il a fait partie du décor du banc sénégalais pendant presque une décennie. Une véritable leçon à méditer pour la constance dans les relations humaines.
Abdoulaye DABO
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