La 14e journée de la Ligue 1 sénégalaise s’est achevée ce lundi 10 février 2025 avec un match sous haute tension entre HLM de Dakar et AS Pikine. Le résultat (1-1) est presque passé au second plan face aux incidents qui ont émaillé la rencontre et une intervention policière musclée. Et surtout des conditions d’accueil qui laissent à désirer.
Un stade à la hauteur des critiques
Le stade municipal des HLM, hôte de cette confrontation qui clôt la 14e journée de Ligue 1, reflète une réalité bien connue du football local : des infrastructures inadaptées à des rencontres de cette envergure. Ses tribunes, étroites et inconfortables, peinent à accueillir convenablement les supporters, dont le nombre excède souvent la capacité prévue. De plus, le contre-jour provoqué par la disposition du terrain complique sérieusement le travail des caméramans et des journalistes, rendant difficile la couverture médiatique de l’événement.
À l’extérieur, l’ambiance est cependant typiquement sénégalaise : des vendeurs ambulants sillonnent les abords du stade, proposant boissons, sandwiches, cafés et maillots aux couleurs des deux équipes. Les klaxons, les discussions animées et les chants des supporters créent une atmosphère à la fois festive et chaotique. Mais cette énergie positive est vite rattrapée par les tensions.
Première mi-temps : HLM frappe en premier, les esprits s’échauffent
Le match débute avec une domination relative de HLM, galvanisé par ses supporters vêtus de jaune et bleu, qui font résonner leurs tambours. Les encouragements se transforment en provocations après l’ouverture du score par l’équipe locale. Les fans des HLM, euphoriques, multiplient les moqueries et les chants hostiles à l’encontre des supporters de Pikine.
Face à ces trolls, les fans de l’AS Pikine, en rouge et vert, répliquent par des insultes et des vociférations. Ce climat tendu entre les deux camps bascule rapidement dans la violence physique à la mi-temps. Des jets de pierres éclatent en dehors du stade. Les forces de l’ordre interviennent en lançant des grenades lacrymogènes pour disperser la foule.
L’intervention policière a aussi touché les joueurs. Pape Birane Diagne, arrière droit de HLM, raconte : « Les grenades lacrymogènes nous ont beaucoup étouffés à la mi-temps parce que les policiers les ont lancées à côté de nos vestiaires. Ça nous a vraiment touchés. Au retour des vestiaires, on était obligé de verser du vinaigre sur nos maillots pour pouvoir poursuivre la rencontre. »
Deuxième mi-temps : Pikine égalise, l’ambiance s’enflamme à nouveau
Malgré ces incidents, le match reprend son cours après la pause. L’AS Pikine entre sur le terrain avec plus d’agressivité et finit par égaliser, renversant l’ambiance dans le stade. Cette fois, ce sont les supporters de Pikine qui prennent l’avantage, narguant leurs adversaires avec des chants et des danses.
Les provocations fusent à nouveau, mais heureusement dans chaque camp de supporters il y a des ‘’Grands’’ qui parviennent à contenir tout débordement des jeunes fans beaucoup trop fougueux. Les tambours des supporters continuent de battre, donnant au match une ambiance électrique malgré la tension palpable.
À l’issue de la rencontre, Ousseynou Touré, milieu de terrain de l’AS Pikine, s’exprime sur les violences : « En tant qu’acteurs du football, on appelle à la non-violence. Que ce soit les supporters de Pikine ou ceux des HLM, on est tous de la même famille. Il faut avancer ensemble pour le bien du football local. »
Des leçons à tirer pour l’avenir
Ce match nul entre HLM et AS Pikine montre plusieurs problèmes qui freinent le développement du football sénégalais : des infrastructures inadaptées, une gestion sécuritaire insuffisante, et des supporters, surtout les plus jeunes, dont l’enthousiasme déborde parfois en violences.
Si les joueurs appellent à la retenue et au respect mutuel, il revient aussi aux autorités et aux clubs de travailler ensemble pour améliorer les conditions de jeu et responsabiliser les fans. En attendant, ce lundi soir reste une illustration des défis auxquels la Ligue 1 sénégalaise doit encore faire face.
Khadim DIAKHATÉ
