Le 18 Avril Sadio Mané était passé de la prise de balle sur le terrain à la prise de parole à la tribune des Nations Unies. L’événement n’a pas fait grand échos. La presse en avait juste fait une simple annonce tout en magnifiant le choix porté sur la star Sénégalaise. La mutation du jeu sur les pelouses vers les grands enjeux du monde s’est sans doute diluée dans le flot important des informations sportives. Mais un destin de grand homme se jouait pour Sadio Mané. Parce que le footballeur venait de franchir l’étape de l’image idéalisée du footballeur pour basculer dans le registre des leaders d’opinion.
Sadio Mané devenait désormais une voix d’Afrique qui porte. Son champ de jeu et d’expression ont dépassé les limites d’un terrain de football. Son combat n’est plus seulement d’arborer un maillot et de séduire sur une pelouse par son talent de footballeur. Le monde lui avait tendu désormais une oreille attentive sur les grands sujets de l’heure. Depuis, ses matches ont commencé à épouser les contours du modèle de sportif de haut niveau qu’il incarne mais surtout de l’homme tout court devenu acteur d’un nouvel ordre économique mondial qui incite la jeunesse à prendre conscience de sa véritable mission et à occuper toute sa place.
Ce n’est pas balle au pied que Sadio Mané avait attaqué cette importante question du développement lors de sa communication au sommet de la jeunesse des nations unies. Il l’a faite avec des idées claires, de solides arguments en bandoulière pour décliner toute une vision. Les Nations l’avaient élevé au-dessus de l’athlète de haut niveau. Sa communication fut d’abord une photo sociologique et économique du continent, ses atouts démographiques qui contrastent avec la précarité des populations des jeunes avant de faire un plaidoyer en faveur de politiques cohérentes et innovantes. Une prise de parole historique pour le sport Sénégalais qui compte en son sein un champion avec un discours économique pertinent.
Le Maroc, à son tour vient de le valoriser autrement. Sadio était le sujet de l’épreuve d’anglais au baccalauréat au royaume Chérifien. Une autre façon d’étendre son aura, une autre façon de l’offrir en exemple à la jeunesse. Le footballeur déjà objet d’attention de la part des Nations est devenu sujet de réflexion pour l’obtention d’un diplôme aussi prestigieux que le baccalauréat qui ouvre les portes des études universitaires. Si les pelouses l’ont révélé les grandes sphères de décision et de réflexion s’en servent comme exemple et modèle de réussite basés sur le caractère atypique de son parcours et son courage qui lui ont permis de réussir. À lui de chausser d’autres crampons et d’enfiler un autre maillot.
Abdoulaye Dabo