Soukèye Cissé (coach) : «Placer Aigles de la Médina à un niveau supérieur»

Nouvelle entraîneure des Aigles de la Médina, Soukèye Cissé a réussi son baptême du feu face à Kaolack FC (2-0), lors de la 11^e et dernière journée de la phase aller de la D1 féminine. Un come-back réussi à la tête du club médinois où elle avait raté de peu le titre en 2021. Dans cet entretien, l’ex-sociétaire de Médiour de Rufisque décline ses ambitions à la tête de son nouveau club avec la sélection féminine du Sénégal dont elle l’adjointe du sélectionneur Mame Moussa Cissé.

Entretien.

Vous avez réussi votre baptême du feu face à Kaolack FC (2-0, 11^e j.) et, par la même occasion, Aigles de la Médina a fini leader à mi-parcours de la D1 féminine…

C’est une satisfaction. C’est un soulagement aussi. Parce que l’équipe a été récemment battue (0-1 par AS Bambey lors de la 2^e journée en retard). Et pour le premier match, on gagne, ce qui n’était pas évident. Mais, il fallait réussir l’entrée. Et Alhamdoulilah, nous avons obtenu un résultat positif. Donc, c’est une entrée satisfaisante.

Y avait-il de la pression chez vous, avant ce match, vu que vous êtes appelée à faire des résultats ?

Je n’avais pas de pression parce que je connais l’équipe des Aigles de la Médina et je connais aussi les joueuses. Elles sont passées entre mes mains. Que ce soit en équipe nationale ou dans d’autres équipes où j’ai eu à entraîner. Donc, je n’avais aucune pression. Comme je l’ai dit, je connais parfaitement Aigles de la Médina et l’équipe (Kaolack FC) qu’elle devait rencontrer. J’ai tenu un bon discours aux joueuses en leur faisant comprendre que l’équipe sort d’une défaite. Donc, impérativement, on doit gagner ce match en jouant sans pression. Elles l’ont réussi.

Comment s’est dessiné votre retour chez les Aigles de la Médina ?

Depuis trois ans, j’ai été démarchée par les responsables du club (elle rit). Je m’étais retirée du championnat pour me concentrer sur mon académie (Souky Académie). Depuis trois ans, on était en pourparlers, par le biais des joueuses et des dirigeants. Cette fois-ci, le président (Cheikh Bâ) a pris l’initiative de m’appeler et après plusieurs discussions, il m’a proposé un projet qui épouse parfaitement mes convictions sur le football féminin, ce qui m’a poussée à créer une académie. Il a un projet qui va dans le même sens de ma vision. Donc j’ai accepté de travailler avec eux (les dirigeants des Aigles de la Médina).

Quelle est la durée de votre contrat ?

Pour le moment, mon contrat dure jusqu’à la fin de la saison. Après, on va voir par rapport aux projets prévus.

N’est-il pas risqué de prendre une équipe très attendue cette saison, après avoir été en phase finale de Ligue africaine des champions…

Je ne dirais pas qu’il y a des craintes. Je sais que l’équipe des Aigles est arrivée à un niveau élevé. Donc, on va faire tout notre possible pour la placer à un niveau supérieur. J’aime prendre des risques, j’aime relever des défis. C’est comme ça que le Bon Dieu m’a créée. Du coup, je prie le Seigneur de m’aider à accomplir ma mission.

À vous attendre, vous êtes prête à ramener Aigles de la Médina en Afrique ?

Nous sommes prêtes. Nous avons une équipe pour ça. Les conditions des joueuses et de l’équipe sont favorables aussi. L’encadrement est là également. Et ensemble, nous sommes tous prêts à relever ce défi.

D’aucuns disent que l’AS Bambey va succéder aux Aigles de la Médina au palmarès de la D1 féminine. Et, Jappo Olympique de Guédiawaye est aussi une sérieuse candidate au titre…

Quand le championnat démarre, toutes les équipes veulent relever les défis. Mais, à l’issue de la saison, l’on saura l’équipe qui a relevé le défi. Actuellement, rien n’est encore joué. Chaque équipe peut se prévaloir de remporter le titre. Mais, seule l’équipe classée en première position sera sacrée championne.

Donc, ASC Aigles de la Médina est prête à conserver son titre.

On l’espère. C’est notre souhait et nous allons continuer le travail pour que cela soit de notre côté.

En 2021, vous avez raté de peu le titre de champion. Certainement, vous avez appris cette expérience ?

C’est vrai qu’en 2021, j’étais l’entraîneure des Aigles de la Médina. Mais, je suis plus confiante cette année qu’en 2021. Nous avons perdu le championnat lors de la dernière journée. Nous avions besoin d’un seul point pour être championnes. Malheureusement, on a perdu (0-1 contre Sirènes de Grand-Yoff, devenues JOG), et de l’autre côté Dakar SC avait gagné (4-0 Amazones Grand-Yoff). Et en 2021, l’équipe n’avait pas cette qualité qu’elle a actuellement. Cette saison, Aigles de la Médina a un bon effectif. Même si, en 2021, nous avions réussi à y installer l’esprit de gagneur. Pour dire vrai, je suis confiante parce que je connais les joueuses et leurs qualités.

N’y aura-t-il pas de contraintes d’être à la fois coach des Aigles de la Médina et entraîneure adjointe de l’équipe nationale du Sénégal ?

Certainement, des contraintes ne vont pas manquer, mais un peu. Cela m’avait poussée à prendre du recul par rapport au championnat. Parce que si les stages perdurent, on risque de léser un peu le club. Maintenant, la démarche a changé. Lorsque l’équipe nationale doit jouer, c’est en ce moment qu’on entre en regroupement. On ne fait plus de regroupement qui durent trois ou quatre mois. Donc, cela doit aller parce que nous avons les mêmes visions.

La CAN 2025 va sceller les retrouvailles entre le Sénégal, la Zambie, la RD Congo et le pays hôte, le Maroc. Un groupe relevé, pour vous ?

C’est une poule relevée. Parce que le Maroc avait vaincu le Sénégal (1-0) lors de la 3^e journée de la poule A – CAN 2022. Par la suite, il était finaliste de cette édition. La Zambie nous avait éliminées en quarts de finale (Zambie / Sénégal 1-1 a.p. TAB 4-2). Quant à la RD Congo, nous avons réussi à remporter les deux matchs amicaux chez nous (1-0 et 2-0 en juillet 2024). Du coup, nous connaissons la qualité de nos adversaires, leur niveau. Nous allons travailler durement pour rivaliser avec ces équipes.

Quelle sera, cette fois-ci, l’objectif des Lionnes, après avoir été pour la première fois en quarts lors de la précédente CAN ?

D’abord, notre premier objectif sera de décrocher le ticket pour les quarts de finale. Après cela, on se fixera d’autres objectifs. Déjà, nous allons nous battre pour accéder au même niveau.

La qualité de l’équipe est-elle là pour rééditer cette performance ?

Nous avons les joueuses pour le réussir. Après la dernière CAN, beaucoup de nos joueuses ont voyagé. Actuellement, elles jouent dans des championnats plus élevés que lorsqu’on avait atteint les quarts de finale.

Le Sénégal devait affronter le Tchad en éliminatoires de la CAN 2026. Finalement, vous allez croiser la Côte d’Ivoire lors du second tour, après le désistement des Tchadiennes. Comment appréhendez-vous ce derby ouest-africain ?

On va le préparer sérieusement, comme nous avons l’habitude de préparer nos matchs. Ce sera un match très disputé. Parce que la Côte d’Ivoire veut retourner à la CAN. Raison pour laquelle, elle a recruté Reynald Pedros. On le connaît pour son dévouement pour le football féminin. Il a fait Lyon et a été sélectionneur de l’équipe nationale féminine du Maroc (lors de la CAN 2022). Donc, la Côte d’Ivoire cherche une qualification. De notre côté, nous sommes très déterminées à décrocher cette qualification.

Par Cheikh Demba NDIAYE