Le gardien de but des champions d’Afrique Al Seyni Ndiaye a subi une blessure à quelques encablures de la Coupe du monde de Beach Soccer. Éliminé dès le premier tour par le Japon, le capitaine de l’équipe nationale du Sénégal a exprimé ses émotions au micro de Dsports.
Entretien
Quelle est votre réaction après l’élimination au premier tour de la dernière Coupe du monde ?
On remercie le bon Dieu d’abord. Comme tu viens de le dire nous sommes éliminés au premier tour, c’est une grande déception, un échec collectif. L’objectif de cette Coupe du monde c’était au moins d’aller jusqu’en finale, mais malheureusement on a échoué. Lors de la précédente édition en 2021, nous étions éliminés en demi-finale. Pour la prochaine édition nous pensons faire mieux, aller en finale et essayer de remporter le trophée.
Qu’est-ce qui a vraiment manqué aux Lions à Dubai ?
Le réalisme et un peu un manque d’expérience. Contre le Japon on menait au score 4-2 jusqu’à quatre minutes de la fin, et l’équipe a sombré. Avec l’expérience qu’on a, on pouvait vraiment gagner facilement ce match. C’était un match à ne pas perdre mais comme on le dit, on va apprendre de nos erreurs et essayer de hausser le niveau pour les prochaines échéances.
Vous étiez blessé en début de compétition, comment avez-vous vécu cette déception ?
Au début de la compétition j’ai été blessé. Je pense que c’était une blessure qui m’a un peu diminué. Les Sénégalais avaient l’habitude de voir un Al Seyni Ndiaye à 100% de son état de forme, un Al Seyni leader qui pousse l’équipe vers la victoire. C’est une grande déception pour ma part, cette blessure m’a diminué et m’a empêché de donner le maximum. Mais après tout, c’est le sport. Tu peux te préparer un match, une compétition et à la veille tu connais une blessure, ce sont des choses qui peuvent arriver à tout moment.
L’équipe était-elle prête à franchir au moins la phase de groupes ?
L’équipe était prête à aller jusqu’en finale, c’était l’objectif et c’était notre conviction. Peut-être qu’on a eu un peu d’excès de confiance, mais on n’a jamais pensé qu’on allait être éliminés dès le premier tour. L’équipe était moralement, physiquement et mentalement prête pour continuer l’aventure.
Quelques semaines avant la compétition, vous aviez alerté sur le manque de préparation. Qu’est-ce qui n’a pas été fait ?
Ce qui n’a pas été fait est que nous n’avions pas assez de Sparring-partner pour bien préparer la compétition. La coupe du monde, c’est le haut niveau, on le prépare avec du sérieux. Disputer beaucoup de matchs peut permettre à l’équipe de rectifier certaines imperfections pour bien débuter la compétition. On avait alerté les fédéraux sur ça mais malheureusement on n’a pas trouvé des équipes qui étaient disponibles pour jouer des matchs amicaux avec nous. Seul l’Iran avait accepter de jouer avec nous. L’Italie et l’Argentine avaient accepté de jouer avec nous à Dubai, mais à la dernière minute elles ont désisté. En dernier lieu on a joué avec les Îles Seychelles. Aujourd’hui on peut dire que c’est la raison de notre élimination franchement parlant. En 2019, nous avons atteint les quarts de finale sans le moindre match amical. Après les matchs amicaux c’est bien, mais ce ne sont pas des excuses pour nous. On a échoué, on va l’accepter et essayer de redoubler d’efforts pour les prochaines compétitions à venir.
Après plus de 150 sélections, Alseyni pense-t-il à arrêter sa carrière internationale ?
J’ai 163 sélections et ça ce n’est pas donné à n’importe qui. J’ai très trop rentrer dans le beach soccer. S’il y avait beaucoup de compétition nationale je pourrais atteindre la barre des 500 matchs. Aujourd’hui, je suis toujours en activité et je parle avec les conseillers. Aucune décision n’est encore prise. Le moment venu je le dirai et on verra si je vais continuer ou raccrocher.
C’est quoi les objectifs en équipe nationale dans le futur ?
Les objectifs ne changent pas. Mon souhait c’était d’offrir le peuple sénégalais la Coupe du monde et raccrocher. Tant que je ne gagne pas la Coupe du monde, j’ai toujours ce sentiment d’un devoir non accompli. Dans sept mois, il y a une autre compétition. On a pas assez de temps pour reconquérir notre trophée en Égypte à Alexandrie. Et la compétition sera très relevée. Le Sénégal sera attendu, il sera l’équipe à battre. Et vu qu’on est éliminé au premier tour, les autres équipes seront confiantes. Mais notre devoir est de montrer que nous sommes les Rois d’Afrique, et un roi ne doit jamais douter.
Un mot sur la retraite internationale de Babacar Fall ?
Babacar Fall n’est plus un coéquipier pour nous, c’est un frère. Moi qui vous parle, j’ai partagé avec lui 13 années de compétitions. Je suis sept fois champion d’Afrique, lui est 6 fois champion d’Afrique. On a mené presque tous les combats ensemble. C’est une grosse perte pour l’équipe nationale. C’est une légende qui part. Le meilleur buteur de l’équipe nationale du Sénégal, le meilleur buteur africain de l’histoire de la Coupe du monde. S’il part, ce sera compliqué pour nous, parce que l’équipe a besoin de son expérience.
Avez-vous eu des regrets dans votre carrière ?
Non. Quand j’ai commencé le beach soccer, les gens me disaient que c’est une discipline qui n’a pas d’intérêt. Je n’ai jamais cru qu’un jour je serai élevé au grade de chevalier de l’ordre national du Lion. C’est avec cette discipline que j’ai l’opportunité de rencontrer des présidents comme Abdoulaye Wade et Macky Sall. Aujourd’hui, si je suis connu c’est grâce au beach soccer. Si je suis devenue une légende c’est grâce à cette discipline.
Votre phrase fétiche : « Mafé bala nexx saf dégué… », qu’est-ce qui vous inspire à le dire très souvent ? Vous êtes amoureux du plat ?
Mafé bala neex saf dégué veut tout simplement dire qu’on ne peut pas atteindre un objectif sans passer par les difficultés. Le Mafé c’est l’objectif à atteindre, le «dégué», les difficultés qu’il faut surmonter pour réussir. On ne peut pas préparer un bon mafé sans du «dégué».
Propos recueillis par Khadim DIAKHATÉ