Beaucoup de joueurs interviennent à la fois dans le navétane et le championnat professionnel. Si le championnat national populaire accepte les footballeurs professionnels qui n’ont pas atteint 5 matchs en ligue 1 durant la saison, le championnat professionnel quant à lui peut accueillir tout joueur issu du navétane.
Un footballeur professionnel doit-il descendre d’un ou de plusieurs crans pour se retrouver au niveau amateur ? Si les textes ne l’interdisent pas, c’est un phénomène dont les conséquences peuvent être négatives chez les pratiquants.
Ligue pro dans l’après-midi et navétane le soir
Dans le contexte des matchs très importants, les clubs ont besoin de leurs meilleurs éléments. Ainsi, même en pleine période de championnat de Ligue pro, les ASC rapatrient leurs joueurs, le temps d’une rencontre.
Certains d’entre eux enchainent les matchs : ligue pro dans l’après-midi et national populaire le soir. Le 3 novembre 2024, l’attaquant de la Linguère de Saint-Louis avait attiré l’attention. Buteur contre le Jaraaf au stade Alboury Ndiaye de Louga, Boubacar Fall avait enchaîné le même jour, avec un match de navétane à Saint-Louis.
Cette situation peut affecter les clubs. Pape Maguette Kébé, ancien entraineur de Thiès FC en Ligue 2 analyse le cas.
« Beaucoup de clubs professionnels ont des difficultés dues à cette situation. Un joueur ne doit pas allier ces deux compétitions. Le championnat de Ligue 2 appartient aux professionnels, alors ces derniers ne doivent évoluer à un niveau inférieur. Le fait d’enchainer les matchs ainsi peut avoir des risques sur la santé des joueurs puisque le temps de récupération est réduit et les joueurs ne peuvent avoir des séances de massage adéquates après avoir fourni beaucoup d’efforts ».
Ce que disent les textes de la FSF
Si les conséquences d’une telle pratique sont dangereuses pour la santé des joueurs, la réglementation quant à elle ne condamne pas le fait. Selon une source proche de la Fédération sénégalaise de Football « aucun texte de la Fédération sénégalaise de Football n’interdit à un joueur d’avoir à la fois une licence professionnelle et une licence amateure ou d’enchainer des matchs dans ces deux niveaux du football sénégalais ». Il y a une sorte de vide juridique. Alors le seul souci est lié à la préservation de la santé des joueurs et à leurs performances.
Sur cet aspect, Dsports s’est tourné vers un joueur qui a évolué dans les deux niveaux. Sous le couvert de l’anonymat, ce joueur qui est dans un club du championnat professionnel sénégalais donne les raisons pour lesquelles ses compères se bousculent à la porte des équipes de navétane.
« En navetane, j’ai une fois reçu une proposition de 700 mille FCFA »
« Le paiement dépend des équipes et des joueurs. Personnellement j’ai reçu jusqu’à 700 mille francs CFA pour jouer en navétane. Et quand on sait que durant la saison morte, les clubs professionnels ne paient pas de salaire, excepté les centres de formation, le navétane devient une opportunité pour les joueurs afin de s’en sortir financièrement durant les vacances. Pour résoudre ce problème de façon définitive, la Ligue professionnelle doit revoir ses textes et imposer aux clubs qui engagent les joueurs à les payer même en fin de saison ».
A propos de cette question, notre source précise que « les contrats sont saisonniers et il y a à chaque début de saison, une circulaire de la Fédération sénégalaise de Football qui fixe les dates de démarrage et de fin de l’exercice ».
Lamine Mboup, secrétaire général de l’Union nationale des Footballeurs Professionnels du Sénégal (UNFP/S) donne son avis. Pour l’ancien joueur de la Jeanne d’Arc, la solution majeure à ce problème viendrait « d’une harmonisation entre la Ligue professionnelle et les navétanes pour interdire aux joueurs professionnels de participer aux compétitions de National populaire ».
« Il faut que le navétane retourne à sa période initiale pour empêcher le chevauchement »
« Face à cette situation, on pourrait voir plus de joueurs éclore dans les différents quartiers puisque les plus jeunes ne seront pas barrés par des concurrents professionnels. En plus, les joueurs de Ligue 1 et Ligue 2 doivent rester professionnels, c’est-à-dire s’interdire toute participation à une compétition de niveau inférieur», ajoute Lamine Mboup.
L’ancien international sénégalais précise toutefois que la nature des contrats signés ne favorise pas le retrait des professionnels du circuit amateur dans la mesure où il leur sera difficile de rester plusieurs mois sans salaire, en attendant le début du championnat professionnel, quand on sait que les contrats professionnels sont établis sur la base de la durée du championnat.
Poursuivant son analyse, Lamine Mboup propose une autre solution : « il faut que le navétane retourne à sa période initiale pour empêcher le chevauchement ».
Ils sont nombreux à jouer les navétanes et le championnat professionnel. Aucun texte n’est établi pour empêcher les joueurs d’être à cheval sur ces deux niveaux de compétition et cumul de licences n’est pas interdit non plus.
Si cela perdure, il sera difficile de faire éclore fréquemment de jeunes talents, puisque tous les clubs de navétane vont préférer les footballeurs expérimentés issus de la Ligue professionnelle.
Abdoulaye DIOUF
Cette pratique d’enchaîner deux matchs en une journée n’est pas du tout bon et pour le joueur et pour les clubs, ça devrait être interdit.
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