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El Hadji Adama Mbaye AS Pikine

L’ancien attaquant et capitaine de l’AS Pikine, El Hadji Adama Mbaye, a marqué le football sénégalais grâce à ses prouesses. Il a réalisé un parcours exceptionnel avec le club mythique de la ville de Pikine, en 25 ans de carrière. Au micro de Dsports, l’ancien attaquant des Rouge et Vert s’est livré sur son parcours en tant que joueur professionnel, ses regrets et ses ambitions, en toute décontraction.

Entretien.

Qui est El Hadji Adama Mbaye ?

Je suis un Sénégalais né le 12 décembre 1984 à Pikine. Je suis un ancien joueur qui a passé la plus grande partie de sa carrière au club phare de la banlieue dakaroise.

Pouvez-vous retracer votre parcours en tant que footballeur ?

J’ai fait 25 ans de carrière. C’est en 1997 que j’ai commencé à jouer en tant que Senior. Mais, mon histoire d’amour avec les Niayes de Pikine (Actuel AS Pikine) a débuté en 2000. En 2002, j’ai rejoint la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS). Ensuite, je suis parti en Arabie saoudite, avant de rejoindre le Portugal. Par la suite, j’ai décidé de rentrer chez moi pour jouer à la Jeanne d’Arc de Dakar. Après mon passage chez les Bleu et Blanc, j’ai fait mon retour à l’AS Pikine en 2009. C’est en 2014 que je suis parti au Gabon, suite à notre majestueux doublé (vainqueur de la Ligue 1 et de la Coupe du Sénégal). J’ai passé deux années au Mangasport avant de revenir à nouveau à l’AS Pikine, mon club de cœur (rires).

«JE NE REGRETTE PAS D’AVOIR LÂCHÉ LES ÉTUDES TRÈS TÔT POUR LE FOOTBALL»

Quel genre de joueur étiez-vous ?

Un excellent joueur. Parce que j’avais énormément de talent, sans me vanter. Quand j’étais sur le terrain, les gens n’avaient d’yeux que pour moi. Je jouais avec amour. J’étais celui qui devait faire gagner l’équipe. C’est pourquoi je me donnais à fond à chaque fois pour ne pas décevoir les supporters.

Vous aviez vraiment confiance en votre réussite dans ce domaine ? Pourquoi ?

J’avais énormément de confiance mais j’ai compris après que ce n’était pas une question de talent mais plutôt de chance. Il y a beaucoup de joueurs qui étaient beaucoup plus talentueux que moi mais qui n’ont même pas eu la chance de sortir du Sénégal. C’est Dieu qui a tracé ce destin pour moi et je l’ai accepté.

Quel était votre objectif de carrière ?

Je voulais plus que tout devenir un grand footballeur professionnel, un joueur célèbre grâce à ses prouesses. Je rêvais aussi de marquer les championnats européens grâce à mon talent et avoir beaucoup d’argent pour subvenir aux besoins des gens que j’aime et qui m’ont toujours soutenu. Pour moi, le partage est une chose très importante. Mais dans tous les cas, je suis satisfait de mon parcours en tant que joueur.

Aviez-vous abandonné vos études au profit du football ?

Oui. J’ai abandonné mes études en CM2 parce que je voulais me consacrer entièrement au football. Je me souviens encore, étant très jeune, je séchais les cours pour aller jouer au foot au terrain «Néma» (la grande mosquée de Pikine, Ndlr). J’y passais toutes mes journées avec des amis jusqu’aux heures de descente des élèves. Ma famille pensait que j‘étais un élève assidu alors que je n’empruntais même pas le chemin de l’école (rire).

Des regrets par rapport à ça ?

Franchement, je ne regrette pas d’avoir lâché mes études au profit du football. C’était ma passion. Quand j’ai eu le courage de le dire à mon père, il n’était pas content. Mais, je l’ai convaincu avec l’appui de ma grand-mère. Ensuite, j’ai fait de la couture mais je m’absentais la plupart du temps pour aller jouer au football.

«KARIM SÉGA DIOUF ÉTAIT LE MEILLEUR TECHNICIEN À MES YEUX. IL M’A BEAUCOUP SOUTENU. IL A JOUÉ UN RÔLE CAPITAL DANS MA CARRIÈRE»

Qu’est-ce que vous avez pu réaliser sur le plan financier en tant que footballeur ? Des investissements ?

C’est grâce au football que j’ai pu construire ma maison. J’ai acheté mon terrain à Keur Ndiaye Lô après ma signature au Gabon (Mangasport en D1). C’est là où je vis avec ma femme et mes deux filles. Aujourd’hui, je suis pris en charge par le maire de la ville de Pikine, Abdoulaye Timbo. Je travaille à la municipalité en tant que représentant de l’AS Pikine. Je suis bien payé et j’ai aussi mon salaire à l’AS Pikine.

Que ressentez-vous aujourd’hui quand vous voyez des jeunes joueurs sénégalais cartonner en Europe ?

J’ai envie d’en rire des fois. Tellement, c’est incroyable pour moi ! Mais je me dis à chaque fois que c’est une question de chance. Je me rappelle, quand j’étais à la CSS, j’avais un ami qui n’était même pas titulaire dans notre équipe mais qui cartonne aujourd’hui en Italie. Il y a toujours cru malgré tout. Actuellement, il gagne bien sa vie grâce au foot.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes qui abandonnent très tôt les études pour se consacrer au football ?

Je leur dirais de ne surtout pas arrêter leurs études. Ils peuvent combiner les deux. D’ailleurs, c’est ce que je dis à chaque fois aux juniors de l’AS Pikine. Ils s’entraînent tous les jours de 6h à 8h du matin pour faciliter la tâche à ceux qui doivent aller à l’école.

Quel est l’entraîneur qui vous a le plus marqué durant toute votre carrière ?

Feu Karim Séga Diouf. Cet homme était le meilleur à mes yeux. Il m’a beaucoup soutenu. Il a joué un rôle capital dans ma carrière. Si j’ai pu jouer au football pendant 25 ans, c’est bien grâce à lui. Il m’a donné énormément de bons conseils.

Votre idole ?

Moussa Badiane (ancien international) était mon idole. C’était un très grand joueur que j’aimais beaucoup voir jouer quand j’étais jeune.

«AUCUN DÉFENSEUR NE VOULAIT M’AFFRONTER. ILS ME REDOUTAIENT. J’ÉTAIS À L’AISE DEVANT LES BUTS. J’ÉTAIS TRÈS SÛR DE MOI».

Quel a été votre match de football le plus mémorable ?

Mon meilleur match, c’est sans nul doute la finale de la Coupe de la Ligue contre le Jaraaf en 2011 (2-1). C’est un match historique qui a offert à l’AS Pikine son premier trophée en football. J’ai marqué un splendide coup franc et j’ai aussi fait la passe décisive. Je n’oublierai jamais cette rencontre.

Et le pire ?

J’ai eu pas mal de mauvais matches mais, celui que je regrette le plus dans ma vie, c’est le dernier match de l’AS Pikine en Ligue 1 en 2015. Quand j’ai vu mon équipe de cœur reléguée en Ligue 2 alors qu’elle était championne du Sénégal en 2014… (Silence). Cette rencontre m’a déchiré le cœur, même si je n’étais plus dans l’effectif. J’étais au Gabon mais c’était comme si je faisais partie du 11 de départ. Je n’arrivais pas à comprendre comment cela a pu se produire.

Aviez-vous le sentiment d’en être responsable ?

Carrément. J’avais énormément de remords. Je me sentais à la fois triste et responsable de cet échec. J’avais l’impression d’avoir abandonné les miens. J’en voulais au président et au staff de l’époque qui n’avaient pas fait de leur mieux pour trouver un bon remplaçant après mon départ. C’est pourquoi je suis revenu dans l’équipe en 2017, après deux saisons au Gabon.

Quel défenseur vous a le plus posé de problème durant votre carrière ?

Franchement, cette personne n’existe pas. Au contraire, je faisais peur aux défenseurs (rire). Aucun d’entre eux ne voulait m’affronter lors des matches. Ils me redoutaient. J’étais à l’aise devant les buts. J’étais très sûr de moi.

Vous avez pris votre retraite mais vous êtes toujours dans le staff de l’AS Pikine, parlez-nous de votre reconversion professionnelle…

Je suis l’adjoint du coach des Juniors de l’AS Pikine, Ngagne. Nous travaillons en étroite collaboration. Si j’ai rejoint le staff, c’est parce que l’AS Pikine est toute ma vie. Je suis un enfant de la banlieue.

«LES JOUEURS LOCAUX MÉRITENT DE PARTICIPER À LA CAN AU MÊME TITRE QUE LES INTERNATIONAUX»

Vos projets futurs avec ce club ?

Devenir un jour l’entraîneur de l’AS Pikine bien évidement. C’est un rêve que je ne cache à personne et j’en serais vraiment honoré. Mon nom est gravé à jamais dans l’histoire du club en tant que joueur mais je veux aussi marquer l’équipe en tant que manager général.

Que pensez-vous des débuts de l’AS Pikine en Championnat cette saison ?

Nous avons perdu des points très importants à cause de banales erreurs que nous pouvions éviter. Des pertes de points que nous pourrons regretter à la fin du Championnat. Feu Alassane Dia nous disait souvent «travaillez dur quand vous êtes sur le terrain, la perte d’un seul point peut condamner une équipe en fin de championnat».

Mais ce n’est pas seulement l’AS Pikine. Les résultats de ce début de Championnat ne sont pas très satisfaisants. On note beaucoup de matches nuls. Quelles sont les causes selon vous ?
C’est à cause d’un manque total de lucidité et d’efficacité devant les buts. Les occasions de marquer des buts sont bien présentes. Mais, j’ai l’impression que les avants-centres perdent leur confiance une fois en face des cages. Un vrai attaquant doit être plus à l’aise dans la surface de réparation que sur le reste du rectangle vert. Ça doit être sa maison, son espace à lui.

Sortons un peu du cadre du foot local. La CAN arrive à grand pas. Le Sénégal, étant champion en titre, sera sans doute très attendu lors de cette compétition. Pour vous, est-ce que ce sera facile pour les Lions de conserver leur titre ?

Le Sénégal a une bonne équipe mais ce qu’il faut faire, c’est garder cette cohésion sociale qui a beaucoup contribué au sacre des Lions. Le «Mankoo Wuti Ndam Li» doit être de mise. L’union fait la force.

Quelles seront les bonnes stratégies à adopter ?

Aliou Cissé est un bon entraîneur. Il l’a prouvé à tout le monde. J’ai confiance en lui et je sais qu’il adoptera les bonnes stratégies pour faire une bonne Coupe d’Afrique. La seule faveur que je vais lui demander, c’est de ne pas oublier les joueurs locaux quand il fera sa liste. Ces jeunes méritent de participer à la CAN au même titre que les internationaux.

Par Mariama G. NDAW

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