Reléguée la saison dernière, l’équipe de Dorades de Mbour revient dans l’élite, à l’issue du championnat de la D2 féminine. Pionnière du football féminin sénégalais, la formation de Mbour a écrit de belles pages de cette discipline. En plus de produire des internationales, Dorades de Mbour est presque le réservoir du football féminin sénégalais.
Dorades est un poisson très prisé. C’est peut-être la raison pour laquelle, les joueuses formées par les Dorades de Mbour sont les plus sollicitées au Sénégal. Créée en 1977 par Jean Pierre Alphonse Corréa dit Thiampou, cette formation est «le réservoir» du football féminin sénégalais. Les Aigles de la Médina, à l’USPA, Dakar Sacré-Cœur, les équipes qui dominent le football féminin sénégalais, ont chacune ont moins une «Dorade». De même qu’à lAS Bambey, Gazelles de Bignona et plusieurs clubs français.
Nguénar, Korka, Mama, Korkel, Jeanne, Coumba et Wolimata, les références
Le club de la Petite Côte a formé pas mal de joueuses qui sont devenues des internationales et professionnelles. «Il y a Nguénar Ndiaye qui est actuellement internationale et qui joue en Europe (Bourges en France). Elle a fait ses premiers pas à Dorades et y a joué pendant presque plus de 10 ans. Nous avons aussi Korka Fall (Grenoble en France), Mama Diop (Olympique de Marseille en France), Bineta Korkel Seck et Jeanne Coumba Niang (Aigles de la Médina- D1 Sénégal), Coumba Sylla Mbodji et Wolimata Ndiaye (Thonon Evian Grand Genève FC en France), et j’en passe. Il y en a beaucoup. Elles sont toutes formées à Dorades de Mbour et elles sont devenues des internationales», se réjouit Issa Konaté, secrétaire général du club.
Les finances, un véritable casse-tête
Malgré son expertise reconnue dans la formation des joueuses de football, Dorades de Mbour a un palmarès vierge. « Nous n’avons jamais remporté le championnat national. L’équipe a souvent terminé sur le podium à la deuxième ou à la troisième place. En coupe du Sénégal, c’est pareil. Nous avons joué des finales perdues malheureusement. Le seul titre que nous avons est celui de D2 féminine remportée en 2012 » souligne Issa Konaté. Son club a d’ailleurs ce dimanche 7 juillet au stade Djagaly Bagayoko de Grand-Yoff, l’opportunité de gagner une nouvelle fois ce titre. Ce sera face à Kumaré FC de Sédhiou.
Les moyens financiers constituent un problème majeur chez les Dorades de Mbour. L’équipe présidée par le Docteur Mariétou Diop, par ailleurs cardiologue de l’équipe nationale du Sénégal, est financée entièrement par les membres du club. Parfois, de bonnes volontés leur viennent en aide. En plus de la subvention fédérale.
«Si le championnat tire en longueur et que le calendrier n’est pas maîtrisé, on rencontre des difficultés financières. Ce n’est pas seulement pour l’équipe de Dorades. Mais, c’est valable pour tous les clubs du Sénégal. Certaines équipes sont d’ailleurs obligées de déclarer forfait en cours de championnat. C’est dû à ce problème de moyens. Si la Fédération sénégalaise de Football augmente la subvention, cela pourrait faire l’affaire», explique M. Konaté.
19 à 25 millions FCFA dépensés par an
Le responsable du football féminin au niveau du District de Football de Mbour révèle que parfois, leur équipe peut dépenser 19 à 25 millions FCFA par saison.
A cause de cette insuffisance de ressources financières, le club de Dorades de Mbour ne parvient pas à retenir ses joueuses. Les pépites formées dans le club finissent par aller éclore dans les formations de la capitale beaucoup plus nanties financièrement. « Le football féminin est amateur. Il n’y a pas de textes réglementaires qui protègent les clubs formateurs comme nous. Une joueuse peut quitter à tout moment son club d’origine. Si les clubs les plus huppés proposent aux joueuses des primes et des salaires, elles quittent sans problème. Elles ont fait du football leur métier et c’est donc compréhensible », fait-il savoir.
Huit ans sans subvention municipale
Cette situation est toutefois décriée par Jean Pierre Alphonse Corréa. Entraîneur-et fondateur du club, il a plusieurs fois saisi la FSF afin de réglementer le recrutement. Pour bénéficier des indemnités de formation de ses ex-pensionnaires.
Comme les équipes masculines à Mbour, Dorades aimeraient aussi bénéficier d’une subvention municipale constante. « Déjà le championnat sénégalais est tellement dur et endurant. Pour quitter Mbour et aller à Ziguinchor, le transport coûte 350.000 FCFA minimum, sans compter le reste des dépenses. Après vous allez à Saint-Louis et à Bignona (Ziguinchor), vous voyez les distances. On n’a pas ces moyens et les subventions fédérales ne suivent pas. Il suffit de jouer deux ou trois matchs, de Mbour à Saint-Louis, et à Ziguinchor deux fois, pour épuiser la subvention », ajoute le dirigeant qui révèle que depuis 8 ans ils n’ont pas reçu d’aide de la mairie.
Dorades de Mbour, ADN formation
Malgré tout, la direction du club compte continuer dans sa mission de formation afin de contribuer à l’essor du football féminin au Sénégal. Comme l’a toujours fait Jean Pierre Corréa. « Il est actuellement le père du football féminin. Dans les années 70, seul Eliot Khouma avait créé une équipe féminine au Sénégal. A l’époque, Thiampou était à Mbour. Il était professeur d’EPS au collège Saint-Esprit de Mbour. Lorsque Eliot Khouma est venu à Mbour pour faire jouer ses filles, il n’avait pas trouvé d’équipe féminine. Il avait joué son match contre des garçons. C’était en 1976. Maintenant, après le match, Thiampou lui a dit que si vous revenez l’année prochaine (1977), vous allez jouer contre des filles. Il en a fait un sacerdoce. Et voilà la création des Dorades de Mbour », explique Issa Konaté.
«Aujourd’hui, l’équipe de Dorades est le club féminin le plus vieux au Sénégal. Les autres clubs ont disparu mais Dorades de Mbour existe toujours», poursuit-il.
Collaboration avec les professeurs d’EPS
Le dirigeant au niveau du District de football de Mbour avoue que le début n’a pas été du tout facile. « Il y a beaucoup d’obstacles dans le football féminin. Parce que les parents ne veulent pas faire jouer les filles. On travaille avec les professeurs d’EPS dans les collèges. Lors des UASSU, on faisait jouer des filles. Finalement, pour créer des élites, on a collaboré avec l’athlétisme, le handball, le basket. En athlétisme, pour former les filles en tant qu’attaquante. Aussi, pour les gardiennes de but, on prenait celles des équipes de handball ou des basketteuses. Voilà notre technique pour former les filles ».
En attendant de trouver des moyens et d’avoir les reins solides pour conserver leurs pépites, les Dorades de Mbour ont réussi leur retour en D1 féminine. Ce dimanche, elles vont essayer de décrocher le bonus, le titre de championne de D2 face à Kumaré.
Cheikh Demba NDIAYE
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