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Prof. Abdoulaye SAKHO

Une excellente tradition que de faire le bilan d’une année écoulée en vue de résolutions pour une meilleure année nouvelle. Je me fais le plaisir de sacrifier à cet exercice pour le foot sénégalais qui, porté par les compétitions internationales, semble glisser sur une assez bonne pente depuis quelques années. Mais tout n’est pas d’arriver au sommet, encore faut-il y rester.

L’année 2023 est, pour moi, une année de consolidation du changement d’approche dans les compétitions majeures. L’année 2024 doit être celle de la consolidation de notre leadership sur le football continental.

Dans un passé récent, nous étions obnubilés par les résultats finaux. Si on ne gagnait pas, on considérait cela comme un échec et on recommençait tout… Virer les dirigeants et les entraîneurs, appeler de nouveaux joueurs… Bref, on considérait que c’est un échec. Etat d’esprit que reflètent les chansons du super jamono de l’époque « Equipe Nationale gagnel gnou » ou alors Jaraaf avec la phrase « am sa ay way nga setilen gnou beure dann nga gnibi contane ».

Cet état d’esprit a plombé notre rapport aux sports : nous vivions d’éternels recommencements après chaque campagne majeure. Beaucoup de bons techniciens ont fait les frais de cette manière de voir : Pap Diop (Caire 86), Lamine Ndiaye (Tamalé 2008 en remplacement de Kasperzack puis limogé en 2010 après élimination dans les qualifications pour la Coupe du monde), Amara Traoré (CAN 2012 limogé malgré un brillant parcours aux éliminatoires de cette compétition).

Aujourd’hui, la Fédé de foot a impulsé un nouvel état d’esprit. Il est beaucoup plus question de se préparer pour la victoire que de croire qu’on peut y aller, pousser la porte, prendre le trophée et rentrer à la maison. Cela veut dire qu’on a enfin compris que les victoires se construisent patiemment avec une politique cohérente et des moyens conséquents.

Notre trophée de 2022 s’est construit, au plan technique, sur une période de 10 ans avec l’équipe olympique des Jeux de Londres de 2012 et un bon accompagnement de l’Etat. Il est cependant avéré que la Fédé de foot et l’encadrement technique ont résisté à toutes sortes de pressions et finalement …, ils ont eu raison sur nous tous.

Eh bien, c’est cet état d’esprit fait de résistance, de résilience, de patience et de confiance réciproque qui me paraît avoir été consolidé dans cette année 2023. On a l’impression que les lendemains de campagnes sportives chaotiques sont de plus en plus rares. La victoire finale ne semble plus être le critère d’évaluation pour le maintien ou non d’une équipe à la tête de la gestion administrative ou technique du foot.

Vraiment pour cette nouvelle année, les bonnes pratiques de la Fédé de foot doivent essaimer, par exemple. D’autant plus que la politique fédérale de mise en place de centres de préparation semble avoir porté ses fruits. Oui, les centres Youssou Ndiaye et JF Bocandé permettent aux équipes nationales de faire de longs regroupements et cela a payé avec tous les résultats de ce qu’on appelle petites catégories…

Bref si je devais retenir quelque chose de 2023 dans le sport sénégalais, je dirais l’organisation du football avec les bonds énormes réalisés par la Fédé de foot qui doivent servir d’exemple dans la gouvernance du sport en général. MAIS ATTENTION TOUT N’EST PAS PARFAIT … On aura l’occasion d’y revenir…

Je me rends compte que les résultats au niveau international ont un effet pervers sur le foot en interne, sur le foot local qui ne décolle pas du tout … Retenons donc que le sport local déçoit et mérite une meilleure prise en charge…

Ceci dit, ce n’est pas tout de gagner, il faut se maintenir dans le haut niveau. C’est un challenge difficile. C’’est le lieu de parler des perspectives.

A court terme : la CAN en Côte d’ivoire. C’est l’événement sportif majeur de ce début d’année. Nous avons comme objectif, de garder ce trophée. Ce n’est pas impossible, d’autres l’ont fait avant nous, pourquoi pas nous ?

Pour y arriver, il faut plusieurs conditions cumulatives. Certes tous les acteurs de l’écosystème du sport sont concernés : autorités politiques, dirigeants sportifs, presse, supporteurs … Mais moi, pour les besoins de cette chronique, je mettrais l’accent sur ceux qui descendent dans l’aire de jeu : l’encadrement technique et les joueurs. C’est sur cette dernière composante que le MANKO doit prendre tout son sens. Et de ce point de vue, je pense plus aux joueurs qu’aux techniciens et entraîneurs…

Je sais que l’encadrement technique est assez pointu sur le discours à fournir aux joueurs qui sont des professionnels et n’attendront donc jamais d’être en équipe nationale pour apprendre leur métier, je sais aussi que la préparation mentale est bien prise en charge dans le groupe Sénégal. Ce que j’écris est peut-être dit car je sais que le coach ne laisse rien au hasard et que pour lui, le collectif est essentiel même s’il repose sur des individualités…

Je vais malgré tout, parce que je sais que la répétition peut être pédagogique, demander à ces professionnels l’autorisation de m’adresser à eux en ma qualité de supporter en leur suggérant :
1/ de garder l’état d’esprit conquérant qu’ils avaient au Cameroun lors de la dernière CAN.
2/ de mettre en avant un état d’esprit collectif fait de solidarité et de dépassement de soi qu’il faut cultiver et entretenir durant toute la compétition.

Oui, les joueurs doivent toujours avoir en tête qu’il s’agit d’un sport collectif et que c’est un groupe en entier qui a gagné la CAN au Cameroun car, ceux qui ont démarré la compétition ont été supplée par un autre groupe qui a gagné les derniers matchs.

Dans le jeu lui-même, le collectif doit l’emporter sur l’individuel : la presse surtout internationale et mêmes les organisations internationales (CAF/FIFA) pour des raisons de marketing aiment mettre l’accent sur les exploits individuels (émissions talents d’Afrique de la chaine cryptée qui nous vient du dehors…).

Moi j’ai quand même envie de dire aux joueurs ne soyez pas obnubilés par les statistiques individuelles. Sur le terrain, privilégiez celui qui est mieux placé que vous, jouez ensemble et faites-vous confiance les uns les autres. D’ailleurs, plus que des gens qui jouent ensemble, une équipe, un « team », ce sont des gens qui se font confiance mutuellement.

J’ai envie de rappeler les faits d’armes de ce célèbre entraîneur (Coco Suaudeau) du FC Nantes des années 90 qui n’engueulait jamais celui qui a raté la passe mais plutôt son coéquipier qui ne s’est pas mis en position de recevoir une bonne balle… Cela a donné ce formidable collectif nantais (1994/1995) qui détient un record jamais égalé (32 victoires sans défaite pour un champion de France) avec des joueurs moyens (seuls Karembeu et Makelele ayant fait une carrière internationale notable).

« MANKO WUTTI BENEN NDAM DAFA LADJ MANKO FOOTBALLANDO ».

Prof. Abdoulaye SAKHO

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