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US Rail

L’ancien président de l’US Rail (N1), Ousseynou Keïta a accordé un entretien à DSports. Une partie de l’histoire de l’US Rail, des années fastes à la traversée du désert, sa vie de dirigeant, ses souvenirs les plus marquants ont été au menu de cet entretien. Ousseynou Keïta a également évoqué le livre qu’il va bientôt publier et qui retrace son parcours de dirigeant.

Entretien

Comment êtes-vous entré dans le milieu du football ?

J’ai grandi dans le quartier Aiglon, au milieu de grands footballeurs comme Saliou Bâ Zale, Malick Niang Ayati, Moustapha Dougnon, Délégué. En regardant ces grands footballeurs, j’ai fini par avoir la passion pour le ballon rond. D’autre part les équipes qui venaient jouer à Thiès avaient un hébergement près de la maison de ma jeunesse. J’étais dans un environnement favorable à la pratique du sport.

Vous avez joué au foot ?

J’ai joué en première division avec Lat-Dior, l’année de la fusion en 1969. J’ai rencontré de grands joueurs comme Matar Niang, Edouard Gnacadja du Jaraaf. Mais j’ai arrêté très tôt le football.

Comment êtes-vous parvenu à être un dirigeant ?

D’abord j’ai été à l’origine de la formation de l’ASC Diamaguene à Thiès. J’étais déjà très actif dans le milieu du football. Puis lors de l’Assemblée Générale de l’US Rail en 1978, le président El Hadji Yatma Diouf m’a coopté pour être le Vice-Président de la section football. Et j’ai pris ça comme une opportunité puisque j’ai toujours pensé qu’il fallait gérer l’US Rail autrement. Il fallait que le Rail arrive à percer. C’était donc une occasion rêvée pour mener une autre politique au sein du club. En deux ans seulement nous avions fait de bons résultats.

Comment avez-vous réussi à bien gérer le club ?

Quand El Hadji Yatma Diouf a quitté la présidence de l’US Rail j’ai pris la relève. On a débauché d’excellents joueurs comme Amad Diallo, Bougouma qui ont rejoint d’autres grands joueurs comme Diaw Santos. Ceci nous a permis de faire des résultats.

Après votre réussite au concours de l’ENAM et un break de quelques années, vous êtes revenu au club ?

Juste après ce break, on a continué le travail au début des années 80 mais il restait beaucoup à faire. C’est ainsi que plus tard j’ai quitté la section de football sur proposition des autres dirigeants pour me retrouver à la tête du club, toutes sections confondues. Et comme je connaissais le problème de l’US Rail, j’ai tout de suite rectifié le tir pour mettre le club sur les rails.

Quelle a été votre stratégie ?

D’abord j’ai fait appel à tous les cadres thiessois en plus de ceux des Chemins De Fer pour appuyer le club. Résultat : quand on lançait un appel de fonds, la réponse était immédiate et conséquente. Nous avions même un car à partir de 1995. Le club disposait de matériel didactique et de matériel de musculation de dernière génération. Très bien équipé et très bien organisé, le Rail était en avance même sur les clubs de Dakar.

Et quelles performances avez-vous réalisées ?

J’ai fait venir Momar Thioune à l’US Rail. Et il remporta la Coupe du parlement en 1995. Un an avant, nous avons raté de peu le doublé. En finale du championnat, le Rail avait perdu devant le Ndiambour et avait été éliminé en demi-finale de Coupe du Sénégal par la CSS, suite à des problèmes relatifs à une grève des joueurs et à un mauvais casting de certains dirigeants. Ils ont décidé d’aller en villégiature sur la petite côte, à quelques jours de matchs importants. Et lors de ces rencontres la mobilisation derrière l’US Rail est la plus réussie de toute l’histoire du football thiessois.

Le tournoi du parlement en 1995 reste un bon souvenir ?

Effectivement c’est en 1995 que nous avons gagné la Coupe du parlement. Au premier match, nous avons joué contre le Ndiambour. Ils menaient 1 à 0 et le Rail devait jouer à 10 suite à l’expulsion de Lam Toro. Nous avions égalisé avant de battre le Ndiambour. En finale nous avons battu le Jaraaf. À cette époque le cadre des sponsors était élargi et l’équipe avait beaucoup de liquidité.

Quelle a été votre touche dans l’évolution de l’US Rail ?

Une des réformes que j’ai apportées à l’US Rail c’est la professionnalisation de l’aspect technique. Je n’ai fait venir que des entraîneurs de renom : Momar Thioune, Souleymane Camara gaucher, Boucounta Cissé, Karim Séga Diouf, Amsata Fall, Lamine Dieng. Tous ces entraîneurs sont passés à l’US Rail sous mon magistère. Et ils avaient de bons salaires. Momar Thioune a fait juste une année avant de partir au Jaraaf, avec un de nos meilleurs joueurs, Alboury Lakh le joyau du Rail.

Comment les joueurs étaient-ils recrutés ?

Déjà Thiès est un grenier de footballeurs : 90% de l’effectif venaient de Thiès. Mais dans notre souci de performer, il nous arrivait de recruter des joueurs dans les autres régions. Par exemple Ablaye Ndoye et Djiby Diagne venaient des Niayes, de la Casamance on a fait venir également des joueurs. Dans notre effectif même les joueurs stagiaires étaient payés. Certains footballeurs avaient la chance d’être recrutés par la société.

Qu’est ce qui a fait chuter le Rail ?

Le club avait de l’argent et certains voulaient intégrer l’équipe dirigeante pour profiter de cette situation.

Pourquoi avez-vous quitté le club ?

J’ai quitté le club au début des années 2000. J’ai organisé une Assemblée Générale pour la relance de l’US Rail. Il y a eu un groupe qui s’est formé pour soi-disant dénoncer la gestion du club. Ce groupe a acheté un lot important de cartes de membres pour ses partisans. Ceux-ci sont venus troubler l’assemblée générale. Constatant qu’il était impossible de tenir l’AG, je l’ai suspendue. Mais le groupe dont je vous ai parlé est resté et a formé un Comité Directeur pour élire un nouveau président plus tard. Depuis cet événement, le Rail a chuté.

Quels sont vos rapports avec l’US Rail aujourd’hui ?

Je ne reviendrai plus à l’US Rail. Toutefois certains bailleurs et moi sommes décidés à appuyer le club avec d’autres dirigeants parce que ceux qui sont là ont montré leurs limites.

Quel est votre meilleur souvenir avec le Rail ?

Il y en a beaucoup. Mais je n’oublierai jamais ce match épique que nous avons livré contre la Linguère au Stade Wiltord. Ce jour Ablaye Cissokho, Antoine Bampoky et Bougouma Seck étaient nos attaquants. Au milieu de terrain, on avait Doudou Diakhaté et Amad Diallo, la meilleure paire du pays. Mafatim Faye, Lanky, Tino étaient également dans l’effectif. Nous avons joué 120 minutes sans but mais tout le monde était content vu la prestation des 22 acteurs.

Vous avez décidé d’écrire un livre qui sera publié bientôt. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à le faire et quels thèmes sont abordés dans cet ouvrage ?

La réponse à cette question se trouve dans l’avant-propos de l’ouvrage en question. La partie sportive a été motivée par mon élection ratée à la présidence de la Fédération Sénégalaise de Football. En effet j’avais retiré ma candidature au dernier moment alors que tous les pronostics étaient en ma faveur. Au niveau de l’US Rail, j’ai quitté le club après une Assemblée Générale qui est à l’origine de tous les problèmes que le club vit aujourd’hui. Ce livre est l’occasion de revenir sur tous ces événements mais aussi sur l’histoire du football thiessois. J’ai également abordé ma carrière professionnelle dans ce livre et de l’histoire contemporaine de Thiès.

Ousseynou Keita US Rail
Ousseynou Keita US Rail

Abdoulaye DIOUF

173 comments on “Ousseynou Keïta : « L’US Rail était même en avance sur les clubs de Dakar »

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