
Il n’en était pas loin. Il a voulu pousser sa barque encore plus vers un succès mais des vents contraires se sont élevés pour contrarier son avancée. Le rivage s’est alors éloigné, emportant avec lui le fameux siège sur lequel il aurait pu être le premier Sénégalais à trôner. Car le Conseil de la FIFA devrait être en toute logique le prochain objectif de sa carrière de dirigeant de football.
Les tractations d’avant élection, le lobbying au niveau étatique, les combinaisons et les alliances ont eu raison de son profil pourtant taillé pour le poste. L’un des meilleurs parmi les candidats africains en lice. Aux pieds des pyramides ou la course a connu un premier arrêt, Augustin Senghor a eu le temps d’étoffer son manteau de dirigeant au gré des événements, de développer son leadership de L’Us Gorée à la Vice-présidence de la CAF en passant par la Fédération sénégalaise de Football (FSF) et l’UFOA. Le parcours classique, mais nécessaire pour mieux se forger et postuler à la FIFA. Ce parcours marque la ligne de démarcation entre le militant et le simple aspirant au succès par le sport se complète par de grandes qualités humaines qui caractérisent l’homme tout court.
Au Caire il a été comme ce singleton certes bien armé mais dans une jungle qui a très tôt organisé sa bataille et choisi ses victimes. L’orage qui s’abat à l’improviste rien que pour cacher la vue et la beauté de l’arc en ciel. Avec lui, c’est le coup de frein pour une nouvelle race de dirigeants. Jeunes et ambitieux pour créer la rupture dans le football africain pour le placer sur orbite en lui ôtant cette réputation de faire valoir à la solde de la FIFA. C’est-à-dire privilégier la qualité de la représentation africaine plutôt qu’une arithmétique électorale en formule préfabriquée.
Une posture valorisante mais à la fois gênante pour ceux qui veulent perpétuer cette pratique. Une pratique qui a entraîné la démission du 1er vice-président de la CAF qu’il était à la faveur d’un consensus négocié par Motsepe et Infantino auprès de l’ancien président Macky Sall. Il y a quatre ans, il avait obéi au président alors qu’il était grand favori. Aujourd’hui c’est la porte qu’il claque en démissionnant bien que l’acte 1 du mandat du sud africain soit terminé. Le mal est profond, l’Afrique a déplacé ses tares vers le football pour prolonger une mainmise de la FIFA et continuer à profiter de nos voix pour faire passer ses lois.
Bacary CISSÉ