
Ailier d’abord milieu de terrain ensuite, Yamagor Seck est l’un des joueurs les plus doués de sa génération. Avec une vingtaine de sélections dans les années 70, le joueur d’origine thiessoise a participé à des campagnes historiques avec l’équipe nationale du Sénégal.
Par son talent et sa rigueur, il a marqué toutes les équipes par où il est passé, de l’US Kaolack à l’ASFA. A 78 ans, il continue ses activités professionnelles en tant que spécialiste dans la construction de routes et de bâtiments, spécialité qu’il doit à son passage dans l’armée ou il a pris sa retraite comme Adjudant Major.
« Quand j’ai muselé les meilleurs numéro 10 d’Afrique »
En 1976, le Sénégal devait faire face à une excellente équipe du Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo), championne d’Afrique en titre, dans le cadre des éliminatoires des Jeux Olympiques de Montréal 1976.
Dans cette belle équipe, non seulement vainqueur de la CAN 1974 mais qui revenait de la Coupe du monde en Allemagne, il y avait le meilleur numéro 10 d’Afrique, Ndaye.
A l’aller, le 30 Novembre 1974, le Sénégal était donné perdant d’avance, face à cette redoutable équipe zaïroise. Avant ce match Yamagor Seck a eu une petite discussion aux conséquences énormes avec Mbaye Fall, son coéquipier en équipe nationale. Il revient sur leur échange : « Mbaye Fall m’a approché pour me dire que le seul problème du Sénégal est Ndaye et qu’il fallait effectuer un marquage très serré sur lui, ce que j’ai réussi de fort belle manière. Ce jour Ndaye, le maitre à jouer de cette équipe zaïroise n’a même pas terminé la rencontre. Connaissant son point fort qui résidait dans les contrôles orientés, j’ai souvent anticipé pour intercepter les ballons. Et au finish on avait gagné sur le score de 3 buts à 1. Au match retour, la première réaction des Zaïrois était de voir l’homme qui avait muselé leur meilleur joueur… J’ai refait la même chose et Ndaye a été remplacé. Le Sénégal avait finalement gagné aux tirs au but».
Dans ces éliminatoires aux Jeux Olympiques de Montréal 1976, le Sénégal sera éliminé par le Ghana. Après un score nul et vierge à Dakar, les coéquipiers de Ibrahima Ba Eusébio perdront 2 – 1 à Accra. Ces deux rencontres ont été également une belle occasion pour Yamagor Seck de montrer ses qualités de milieu de terrain, de numéro 6. En effet face au Ghana, le plus grand joueur des black stars de l’époque, Mouhamet Polo a souffert du marquage de Yamagor, basé sur l’anticipation, la rigueur et l’intelligence. Le Ghanéen était un bon dribbleur, joueur puissant, gaucher technique au toucher de balle très fin. Malgré tout Yamagor réussissait à « le mettre dans sa poche » comme il dit lui-même. Pourtant Yamagor n’était pas un milieu de terrain à l’origine.
Aillier d’abord milieu défensif ensuite
Il a longtemps joué comme ailier. Puis un de ses entraineurs l’a obligé à changer de poste : « Tu es trop technique pour un ailier. A partir de maintenant tu vas jouer comme milieu de terrain », lui a dit le technicien allemand.
Replacé au milieu de terrain, l’ancien coéquipier du journaliste Abdoulaye Diaw, à l’US Kaolack, n’est pas ‘’dépaysé’’. Au contraire, très à l’aise, il a souvent servi de bonnes balles à ses attaquants. Son entente avec ses coéquipiers n’était pas difficile puisque comme il le dit : « dès que l’attaquant démarre je sais où il attend le ballon ».

En sélection à 20 ans
Yamagor Seck a eu sa première sélection dans un match contre la Guinée alors qu’il avait 20 ans à peine. L’ailier de l’ASFA raconte que le matin de son baptême du feu, le coach Mawade Wade avait donné 10 des 11 joueurs qui devaient démarrer, sur le tableau. Sur le côté droit de l’attaque, il avait marqué une croix et un moment après le briefing, il dit : « Yamagor, aujourd’hui tu vas jouer en face d’un des meilleurs latéraux d’Afrique ». C’était certainement une façon de préparer et de motiver le jeune joueur qui allait étrenner pour la première fois le maillot de l’équipe nationale. Mais le gamin de 20 ans ne tarda pas à répliquer qu’il allait donc être « le meilleur ailier d’Afrique » face à Condi Sékou, le latéral bondissant qui, ce jour a perdu ses ressorts devant Yamagor Seck.
Son talent et sa maturité précoce étaient naturels mais aussi ils découlent du fait que Yamagor a joué à côté de très grands joueurs comme Yatma Diouck, feu Louis Camara, Matar Niang, Louis Gomis, Amadi Thiam…
Souvenir douloureux, finale coupe de Sénégal, ASFA JA en 1974
Militaire, Yamagor Seck a évolué à l’ASFA, après avoir joué au COT (pendant quelques mois) à l’US Kaolack, au Mbossé (2 ans). Son souvenir le plus douloureux en football, c’est cette finale perdue, en 1974, face à la JA. Pourtant c’est l’ASFA qui avait remporté les deux matchs en championnat sur le score de 3 à 0 à l’aller comme au retour mais lors de cette finale qui reste un souvenir amer, Yamagor et ses coéquipiers ont perdu par 2 à 1. Cette équipe de l’ASFA avait régné sur le football sénégalais entre 1970 et 1974, remportant le championnat à 3 reprises.
La reconversion de Yamagor Seck
Militaire, Yamagor Seck a été du staff de l’AS Douanes au début des années 2000. Puis il a commencé à s’éloigner du football. A la suite de cela, il a intégré plusieurs entreprises. Durant sa carrière de footballeur et son séjour dans l’armée ou il a pris sa retraite avec le grade d’adjudant major, il s’est spécialisé en génie civil, dans la construction de routes et de bâtiments.
Abdoulaye DIOUF