Mouhamed Sané, coach Keur Madior : « On fera partie des équipes qui vont jouer la montée»

Leader de la poule B en National 1, Keur Madior (28 pts) a connu des départs en cours du championnat. Ce départ massif des titulaires pourrait impacter sur le résultat de l’équipe durant la deuxième partie de la saison. Mais, le coach Mouhamed Sané rassure en affirmant que ses protégés feront partie de ceux qui vont jouer la montée en Ligue 2.

Entretien.

L’académie Keur Madior est leader du championnat à mi-parcours de la poule B, avec 8 victoires, 4 nuls et 2 défaites. Un bilan satisfaisant, n’est-ce pas ?

Le bilan est plus que positif. Parce que pour une équipe qui vient de la Ligue professionnelle. Qui découvre un nouveau championnat, il y a normalement un temps d’adaptation. D’habitude, si une équipe change de division, elle prend peu de temps pour pouvoir s’adapter. Quand on change de division, on change d’environnement. On joue avec d’autres clubs. C’est une nouvelle compétition aussi. J’ai l’habitude de dire que le championnat de National 1 sénégalais est le plus dur à jouer. Parce qu’on a deux poules de 14 équipes (au total 28 équipes en lice). Et chaque équipe vise la montée. Donc, chaque match est une finale. En début de saison, l’objectif était de maintenir l’équipe en National 1 et d’essayer de retrouver la Ligue 2 dès l’année prochaine. Nous avons démarré avec deux revers. Depuis, on est sur une bonne dynamique. Les joueurs commencent à s’adapter dans ce championnat avec la philosophie du jeu et des idéaux de l’équipe. Ce qui nous permet d’enchaîner des victoires et de pouvoir tenir cette première partie à la tête de notre poule. Donc, le bilan est positif. C’est même au-delà de nos attentes, par rapport aux objectifs fixés en début de saison.

Actuellement, Keur Madior est la 3^e meilleure équipe à domicile, après Port et Africa Foot, avec 3 succès, 2 nuls et 1 défaite. Ces résultats sont-ils rassurants pour une équipe qui a en ligne de mire l’unique ticket de votre groupe pour l’accession en Ligue 2 ?

C’est vrai que nous sommes la troisième équipe à domicile. Mais, nous sommes la première à l’extérieur (5V, 2N, 1D). Nous voyageons mieux parce que la plupart des points que nous avons perdus, c’est des matchs à domicile. C’est de bon augure pour la deuxième partie du championnat. Je suis sûr et certains que si on reconduit le même championnat que nous avons fait, on pourra disputer la première place pour la montée. On a le potentiel, le staff, les joueurs et l’encadrement qu’il faut. Maintenant, la deuxième partie de la saison sera une autre paire de manche. Nous ne pourrons pas vraiment afficher, autrement, des ambitions en disant que nous allons monter. Parce qu’entretemps, nous avons perdu énormément de joueurs. Certains sont partis en sélections nationales et d’autres sont allés signer des contrats. Sur le groupe de performance, on risque de perdre huit à onze joueurs. Ce sont des titulaires. On est en train de refaire un nouveau groupe pour la deuxième partie de la saison. On verra ce que ce groupe-là va donner durant les trois prochains matchs. Après, on pourra afficher des ambitions pour ne pas trop mettre de pression aux petits. On essaiera de prendre le maximum de points. Une fois la montée sera possible, on va la jouer à fond.

Ces joueurs sont recrutés lors du mercato par des clubs professionnels sénégalais ou ils sont partis à l’étranger ?

Effectivement, nous avons beaucoup de joueurs qui sont partis à l’étranger. Il y a Famara Camara qui est parti en Norvège. Antoine Junior Wenk s’engage avec le Rio Ave FC (D1 Portugal). Pape Malick Fall signe également au Pacos de Ferreira FC en Portugal. Certains de nos joueurs sont présélectionnés en U20 (Adama Ngom) et en U17. On croise les doigts. Nous espérons pour qu’ils feront partie de la liste finale pour les CAN U17 et U20. Il y a aussi trois qui attendent leurs visas pour voyager. J’aimerais garder leurs noms. Comme ils ne sont pas encore partis. Certains iront pour des essais et d’autres pour signer des contrats. Alors, on risque de perdre normalement huit à onze joueurs d’ici la fin de la saison. Cela demandera un travail de titan pour pouvoir recomposer une nouvelle équipe. Toutefois, nous allons puiser au niveau de la petite catégorie. Nous avons eu à faire des recrutements durant le mercato pour renforcer l’équipe. Maintenant, par rapport à ce court temps de travail, les résultats qu’on aura sur les prochains matchs vont déterminer si on sera prétendant jusqu’au bout à la montée ou pas.

Vous avez quitté Africa Foot de Dakar pour Keur Madior. Est-ce à dire que le projet sportif de Keur Madior est plus reluisant par rapport à celui du premier nommé ?

C’est vrai que je suis arrivé au bout d’un processus à Africa Foot. J’avais fait sept ans là-bas. J’ai gagné tous les trophées du championnat amateur (le tournoi du Haut Conseil des Collectivités territoriales, deux tournois de montées (D5 et N2), un trophée en championnat régional). Donc, j’avais fait un peu le tour avec Africa Foot. J’ai réussi à créer une école de football qui a aujourd’hui 300 pensionnaires. L’internat sports et études a une vingtaine de pensionnaires. En un moment donné, il faut trouver un projet beaucoup plus ambitieux pour pouvoir passer à une étape supérieure dans ma carrière. J’avais des propositions au niveau des clubs.

Pourquoi avez-vous refusé ?

J’ai préféré continuer dans les académies. Surtout dans la formation parce que cela vous permet de voir vos produits évoluer dans l’optique d’atteindre le niveau professionnel. Les conditions dans les académies sont plus réunies pour travailler. La manière dont je travaille, je peux dire que les conditions sont beaucoup plus réunies au niveau des académies. Africa Foot de Dakar est un projet de Keur Madior en miniature. À Keur Madior, il y a beaucoup plus d’impact, avec beaucoup plus de partenaires qu’on a à l’étranger. Ce qu’on n’avait pas (à Africa Foot). Pour faire sortir les joueurs, c’est plus facile. Nous avons une école qui est fonctionnelle. Avant d’être un club, c’est d’abord une école où le programme sports et études est mis plein à 100%. Les joueurs allient le sport et les études. Ce n’est pas comme dans certaines académies où c’est d’abord des académies et à côté, on essaie de scolariser certains. Ensuite, on a plus de moyens, d’infrastructures, de catégories et de personnels (…). Et cela vous permet de travailler de la base jusqu’au sommet. Il y a aussi des équipes féminines qui sont là…

Keur Madior (28 pts) a creusé l’écart de 4 points avec son dauphin Jolof Olympique Club (24 pts). Avec ces départs, l’équipe aura-t-elle suffisamment d’arguments pour conserver son fauteuil de leader jusqu’à terme ?

Ce sera très difficile, comme je l’ai dit. Potentiellement, nous en avons les moyens. Maintenant, avec le changement de joueurs ou d’équipe, cela nécessite toujours un temps d’adaptation. J’ai confiance aux petits. J’ai confiance à ma qualité de travail. J’ai aussi confiance au staff qui m’accompagne dans le travail. Je sais qu’on peut tirer le meilleur de cette équipe. Tout dépendra du temps que cela va prendre. Et comment on va gérer cette période de transition jusqu’à ce que l’équipe puisse retrouver son rythme de croisière. Entre ce temps-là, on n’a pas perdu trop de points. On a glané le maximum de points. Ce qui est sûr et certain, on fera partie des équipes qui vont jouer la montée. Maintenant, cela ne dépend pas de nous. Il y a Jolof Olympique Clun (JOC) qui est derrière avec quatre points. Le Port (3^e, 23 pts) est aussi là. Il y a aussi Africa Foot (4^e, 20 pts+4), Yeggo (5^e, 20 pts+3) et ASFA (6^e, 20 pts+2) qui sont toujours des prétendants. Si ces équipes suivent le rythme de l’équipe de Keur Madior, le titre va se jouer jusqu’à la fin. Là, on ne peut pas à 100% dire que le championnat va se passer comme ça. Mais, on est sûr de nos forces. On est conscient du temps qui nous reste pour essayer de compenser un peu ces joueurs qui sont partis. Cela va être un gros chantier. C’est la raison pour laquelle pendant le mois de Ramadan, nous sommes en train de travailler pour remettre en selle l’équipe. Nous voulons que l’équipe soit compétitive dès la reprise du championnat.

Par Cheikh Demba NDIAYE