Ces dernières semaines, le président des supporters de l’AS Pikine et l’entraîneur de Teungueth FC ont accusé les arbitres et la Ligue de soutenir le Jaraaf dans sa quête de succès. Jaraaf est-il vraiment favorisé ? C’est notre débat du vendredi.
Basé à la Médina, un des quartiers les plus populaires de la région de Dakar, Jaraaf doit son succès en partie à des supporters chauds et exigeants. L’histoire de ce club est également liée à des derbys et classiques qui font courir les inconditionnels du football local chaque week-end.
Avant on parlait de JA / Jaraaf, récemment c’est Casa Sports / Jaraaf. Maintenant, on parle aussi de Pikine / Jaraaf ou encore de Teungueth FC / Jaraaf. Des rencontres souvent passionnantes, mais parfois placées à haut risque.
Derrière ces chocs, se cachent des accusations. Quand le résultat tourne en faveur du Jaraaf, c’est souvent la Ligue ou les arbitres qui sont pointés du doigt. C’était le cas lors de la 17e journée, quand TFC a chuté à Ngalandou Diouf devant Guédiawaye FC (3-4).
A la fin de la rencontre, l’entraîneur rufisquois, Cheikh Guèye a déclaré : « Je reviens sur l’arbitre. Il a voulu que le Jaraaf soit premier demain. Si Jaraaf gagne demain et est premier, que l’arbitre sache que c’est grâce à lui ». Le lendemain, les Médinois assurent à Ngor contre Ouakam. Deux jours après, le coach de TFC s’est excusé auprès du club médinois et ses dirigeants.
CCA des arbitres : « Ce n’est pas l’heure de communiquer »
Quelques semaines plus tard, c’était au tour du président des supporters de l’AS Pikine, Moustapha Seck, d’accuser la Ligue d’être derrière le Jaraaf : « Contre nous, Jaraaf est capable de récupérer les trois points après le match ou bien nous faire jouer à huis clos le reste de la saison comme l’année dernière, le tout avec la complicité de la Ligue sénégalaise de football professionnel », avait-il posté sur sa page Facebook à la veille de la réception du Jaraaf (défaite 1-0).
Contacté par Dsports, le chargé de communication de la Commission centrale des arbitres n’a pas voulu prendre la parole sans l’aval de son président Malang Diédhiou. « Comme nous sommes dans un corps très hiérarchisé, laisses-moi m’ouvrir auprès du président de la CCA comme c’est notre responsable ».
Quelques minutes après, il nous revient : « La ligne de conduite est de concentrer toutes nos forces sur nos arbitres pour les mettre à l’aise pour qu’ils puissent faire de bonnes prestations. Le championnat tire à sa fin. Ce n’est pas l’heure de communiquer. Je suis vraiment désolé et navré »,
Lamine Mboup : « Je ne me rappelle pas avoir assisté à un match du Jaraaf où … »
Du côté des acteurs, certains se la jouent fair-play. C’est le cas de l’ancien de la Jeanne d’Arc, Lamine Mboup, témoin de plusieurs derbys entre JA et Jaraaf dans les années 80-90. « Je ne me rappelle pas avoir assisté à un match du Jaraaf où il y a signe de favoritisme », dit-il.
Il se rappelle l’époque où la Ligue avait, selon certains, aidé le Jaraaf à ne pas descendre en deuxième division. « Pourtant à l’époque, le Jaraaf était avant-dernier et la Jeanne d’Arc dernière. C’était dans les années 84-85. Donc ce n’est pas uniquement le Jaraaf qui a été favorisé. La JA aussi ».
« Je me rappelle également une année où la Jeanne d’Arc avait été première du championnat, mais Dial Diop avait fait des conneries et on l’avait exclu. Mais comme le Dial Diop avait gagné le Jaraaf et que la JA avait gagné le Dial Diop, il s’est trouvé que le Jaraaf a eu à récupérer ses points et la JA avait perdu ses points. Après constat, c’est Jaraaf qui avait pris la première place aux dépens de la JA pour ensuite remporter le championnat. A l’époque, on ne peut pas parler de favoritisme mais c’est Dial Diop qui avait fauté ».
Babacar Seck : « C’est parce que Jaraaf est le plus grand club du Sénégal, il faut l’accepter »
Dsports a aussi donné la parole à un ancien de la maison médinoise, mais toujours en activité. Pour Babacar Seck, « on a l’impression que les gens ont peur du Jaraaf. A chaque fois, ils nous parlent de favoritisme », a déclaré le latéral gauche.
« C’est l’un des plus grands clubs du pays, à l’image du Real Madrid en Europe qui est souvent accusé par ses adversaires d’être favorisés par les arbitres. Il faut que les gens acceptent une chose : Jaraaf est le plus grand club au Sénégal qui n’a jamais connu une descente en 2e division », ajoute l’ancien capitaine des « Vert-Blanc ».
« Quand j’entend les gens parler de favoritisme, je ne comprend pas. J’ai passé plusieurs années au Jaraaf, mais je n’ai jamais eu cette impression. Quand on rencontre de grandes équipes ou on joue à l’extérieur, nos dirigeants nous demandent de ne pas nous laisser intimider, ils nous demandent d’être forts mentalement ».
Un ancien joueur de la JA, aujourd’hui entraîneur de football, a également été invité au débat, mais ce dernier a gentiment décliné l’invitation. « J’ai des amis de l’autre côté. Au Jaraaf, le président et moi entretenons une belle relation. En plus, je suis un entraîneur en activité, tous ce que je dirais pourrait être interprété autrement « , a-t-il fait savoir.
Aliou FAYE