
Le protocole de Nouakchott est en passe de se retourner contre Ahmed Yahya qui pourrait être défenestré par la FIFA suite à la pression exercée par certains présidents de fédérations qui ne veulent pour rien au monde cautionner « le deal » parrainé par Fouzi Lekjaa, en Mauritanie, le 25 février dernier, à l’occasion de la pose de la première pierre de l’académie des Talents.
Les risques d’une Afrique coupée en deux blocs se dessinent de plus en plus au sein de la CAF. D’un côté, un bloc composé essentiellement de pays du nord avec des velléités d’un règne sans partage sur le football africain. De l’autre, un deuxième bloc avec les pays de la partie Sud du continent prêts à se battre pour une équité dans le choix des dirigeants sans ingérence aucune ni calcul.
L’image qui s’annonce triste et regrettable est à imputer à un certain protocole dit de Nouakchott. Qui s’est octroyé le droit de choisir une bonne partie des places africaines au Conseil de la FIFA. La rencontre de la capitale mauritanienne de la fin du mois de février dernier dont le prétexte la fête des académies n’était en fait qu’une élection anticipée déguisée de quatre des sept places réservées à l’Afrique.
L’intention de se débarrasser des candidats issus de l’Afrique noire à l’exception de l’ivoirien Idriss Diallo est désormais claire avec les choix prématurés de Fouzi Lekjaa du Maroc, Hani Rida de l’Égypte et d’Ahmed Yahia de la Mauritanie. Une énormité qui a soulevé l’ire des autres Africains qui ont désormais fait bloc pour dénoncer le coup fourré savamment ourdi par le rendez-vous de Nouakchott.
Devant la gravité et le caractère pernicieux de la forfaiture, la FIFA envisagerait de prendre le sifflet pour arbitrer afin d’éviter la déchirure. La première piste de solution qui a fuité est la remise en cause de ce fameux protocole qui est aujourd’hui la source de tout ce malaise ambiant dans les milieux du football africain et mondial.
La deuxième piste consistera forcément à un rééquilibrage entre les deux blocs. Car autant il ne faut pas dérouler le tapis rouge aux Arabes seulement autant il faut éviter que la partie dont le nombre est plus important ne s’accapare de tout.
Un exercice périlleux qui imposera à la FIFA de rester sur la ligne médiane et de respecter les règles du jeu sur un terrain très glissant. Ce qui serait conforme à une nouvelle réalité africaine. Celle de la montée en puissance d’un nouveau type de dirigeants aux profils en phase avec les méthodes de gestion et de management modernes. Ce serait un gâchis de les exclure du champ des responsabilités à assumer et des rôles prépondérants qu’ils doivent jouer au sein des instances pour propulser le football africain.
Ahmed Yahya sacrifié pour l’équilibre ?
C’est en ce sens que les dignitaires et autres sages du football africain avec la supervision de l’instance faitière du football mondial ont décidé de sortir un arabe du jeu. Ça peut paraitre anodin mais beaucoup d’indiscrétions pensent que le président de la Fédération de football de la République Islamique de Mauritanie (FFRIM), Ahmed Yahia pourrait payer la rançon de ce nouvel accord.
Pour beaucoup de présidents de fédérations, c’est cela qu’on est en droit d’attendre de la FIFA pour un rayonnement du football mondial avec des idées novatrices incarnées par des dirigeants qui prennent compte les préoccupations de l’Afrique. Alors, Gianni Infantino et Patrice Motsepe ont les cartes en mains pour départager les dirigeants africains qui s’entre déchirent. Verdict ce 12 Mars au Caire.
Bacary CISSÉ