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Agent de joueurs et gérant du cabinet International commercial management (ICM), Mamadou Guèye a joué un grand rôle sur le départ de certains joueurs sénégalais vers le Rwanda. Après Chérif Bayo et Khadim Ndiaye, Alioune Souané (Jaraaf) et Omar Guingue (Pikine) ont rejoint récemment le pays de Kagamé. Dans cet échange avec Dsports, le président du club des managers du Sénégal revient sur le championnat rwandais qui devient de plus en plus attractif, les primes de signature, les salaires, la ferveur dans les stades…

Entretien

Vous êtes à l’origine du départ de plusieurs footballeurs sénégalais vers le Rwanda ces derniers temps. Quelle relation entretenez-vous avec le football rwandais ?

Je fais la promotion du football rwandais. On a signé des partenariats, j’ai travaillé avec la Fédération rwandaise de Football, et le ministère. Actuellement, ils me connaissent tous. Quand ils ont besoin de joueurs sénégalais, ils passent par moi, je fais le scouting, j’identifie quelques profils intéréssants et je leur propose. C’est comme ça que ça se passe. J’ai mon cabinet qui s’appelle ICM Sports (International commercial management).

Pourquoi le championnat rwandais est devenu une destination privilégiée par les Sénégalais ?

Ce n’est pas uniquement les Sénégalais. Dans le passé, il n’y avait que des Burundais, des Kenyans. Mais depuis l’année dernière, on assiste à une arrivée massive des Congolais. Il y a beaucoup de Ghanéens aussi. Les Sénégalais commencent à venir. Cette année, il y a les Mauritaniens. Donc, c’est un championnat qui devient de plus en plus attractif. Les infrastructures sportives sont très développées, surtout le stade Amahoro, l’équivalent d’Abdoulaye Wade de Diamniadio, avec la même architecture. C’est ce que le Président Kagamé a mis en place.

Au niveau des clubs, l’APR va disputer la Ligue des champions, c’est pourquoi ils ont recruté Souané (Alioune) en provenance du Jaraaf. Mais aussi de Rayon Sports, le club de Khadim Ndiaye qui a recruté Omar Gningue (ancien de l’AS Pikine). Un très bon club qui vise le titre de champion. En définitive, le championnat rwandais est en train de se développer et de manière rapide. Ceci, grâce à la vision et au leadership de Kagamé qui veut faire la même chose avec le basket. C’est un moyen d’intelligence économique de soft power. Il investit beaucoup dans le sport, il accompagne les clubs. Les sponsors sont là.

Actuellement, il y a combien de joueurs sénégalais évoluant dans ce championnat ?

Il y a Alioune Souané, Omar Gningue, Khadim Ndiaye, Chérif Bayo. L’année dernière, il y avait Paul Gomis qui a joué au stade de Mbour et en Mauritanie, mais il est parti au Soudan. Il avait juste signé un contrat d’un an. On travaille sur d’autres transferts. Normalement, il y a trois ou quatre joueurs qui sont en instance de départ. On est en train de négocier. Mon objectif est d’emmener le plus de Sénégalais au Rwanda, même si certains ne seront pas dans de grands clubs comme Rayon Sports ou APR. Si on leur met dans des clubs moyens et qu’ils réussissent à briller, la saison suivante, ils seront sans doute recrutés par les grands clubs du pays ou partir dans d’autres championnats comme la Tanzanie. Actuellement je travaille avec un Rwandais qui séjourne à Dakar, on est en train de faire le tour des clubs du pays pour nouer des partenariats.

Paul Gomis, Khadim Ndiaye et Chérif Ndiaye

Chérif a été le premier Sénégalais à découvrir ce championnat, comment est-il arrivé au Rwanda ?

Chérif ne fait pas partie de mes éléments. Il est arrivé au Rwanda sans passer par les agents. Mais quand on s’est rencontré, j’ai vu son contrat, ce n’était pas bien fait. Après, je l’ai mis en rapport avec un entraîneur mauritanien qui est à Kigali, c’est lui qui l’a aidé. Les joueurs étrangers sont pris en charge au niveau de l’hébergement et de la restauration. Pour le cas de Souané, il devrait même être véhiculé mais il n’a pas de permis de conduire. Il a son propre appartement et 50 mille dollars comme prime de signature.

Comment se passe les signatures ?

Tous les clubs te donnent une prime à la signature. Concernant APR, les primes peuvent aller jusqu’à 50 mille dollars (25 millions FCFA) et un salaire de 5000 dollars (2,5 millions FCFA). Donc, ce sont des chiffres difficile à resister, ça ne se refuse pas.

Est-ce que le peuple rwandais s’intéresse au football local ?

Au Rwanda, les stades sont souvent pleins à craquer lors des matchs de championnat. Du côté des médias, les radios et télévisions sportives sont très écoutées et suivies. Même les chaines de streaming. Là-bas, les joueurs sont médiatisés. Je donne l’exemple de Khadim, le gardien. Après chaque match, quand son équipe gagne, il part chez les supporters pour communier avec eux dans les tribunes. Certains n’hésitent pas à l’arroser avec des billets de banque. Tu gagnes, les supporters t’offrent de l’argent. Je n’ai jamais vu autant de ferveur. Ce qui se passe dans les stades au Rwanda, c’est tout simplement exceptionnel. Les gens adorent le foot et cela attire les sponsors.

Les supporters qui animent dans les gradins

Et le modèle économique ?

Ce que j’ai remarqué par rapport au Sénégal est que les modèles économiques ne sont pas les mêmes. Au Sénégal, c’est juste la vente des joueurs qui peut rapporter quelque chose au club. Au Rwanda, il y a la vente des maillots qui marche bien, la vente d’articles sportifs. En plus, les clubs recrutent les meilleurs. APR a appris que Souané fait partie des meilleurs joueurs du championnat sénégalais, ils sont allés le chercher pour faire du marketing sur lui. Ils ont un bon marchandising. Quand un joueur arrive, après avoir fait sa visite médicale et séance photos, il y a la présentation devant les médias, les sponsors. C’est ce que j’essaie de faire avec Be Sports. Tout ce qu’ils font en termes d’innovation, c’est moi : communication digitale, vente de maillot, digitalisation des paiements. Au Rwanda la vente des tickets se fait en ligne. En football, l’aspect financier est important. Malheureuse sèment nos clubs ne paient pas.

Justement, quels sont, selon vous, les clubs qui paient mieux au Sénégal ?

Le club qui donne le plus d’argent, c’est Jaraaf avec une prime de signature d’un million et un salaire de 400 mille. Il y a aussi Teungueth FC. Les autres ont de petits salaires, c’est à dire 150 à 200 mille. Il y a des clubs qui restent jusqu’à trois à quatre mois sans payer leurs joueurs. Alors qu’au Rwanda, il y a la visibilité. Les matchs sont diffusés en direct sur la télévision nationale et sur les chaînes Youtube qui sont accompagnés par les sponsors. Ce qui n’est pas le cas au Sénégal. Et ce n’est pas seulement le Rwanda qui est privilégié par nos joueurs qui quittent le championnat sénégalais. Il y a aussi le Bénin qui commence à attirer. Le Soudan intéresse beaucoup aussi. Je donne l’exemple d’Aimé Tendeng qui devrait signer à Al Hilal, même si ça bloque toujours. Pour moi, il n’a pas été bien conseillé, parce qu’il y a le club d’APR qui s’était positionné en premier avec une belle prime de signature de 50 mille dollars (25 millions FCFA) et un salaire mensuel de 6000 dollars (3 millions FCFA). Maintenant, on a l’impression qu’Aimé n’a plus envie de rejoindre le club soudanais qui va évoluer dans le championnat mauritanien. Jaraaf a déjà encaissé l’argent. J’ai des éléments à Al Hilal qui ont manifesté le désir de quitter le club. C’est le cas de Pape Abdou Ndiaye. Il est en négociation avec un club égyptien. Il ne restait que la proposition, mais le problème est qu’il est toujours sous contrat avec Al Hilal.

Le président de Rayon Sports et Khadim Ndiaye

Par Aliou FAYE

2 comments on “Mamadou Guèye, agent de joueurs : « Au Rwanda, des primes jusqu’à 25 millions et un salaire de 2,5 millions FCFA»

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