« On stigmatise cette religion », estime Habib Beye, lors d’une conférence de presse d’après-match entre le Red Star, l’équipe qu’il entraîne, et Nancy, vendredi (1-1). L’ancien international sénégalais en profite pour partager son expérience face aux positions intransigeantes de la Fédération française de Football (FFF) et la Ligue de football professionnel (LFP) sur les jeûneurs.
Extraits.
« Ma position, c’est que je respecte vraiment la foi de mes joueurs, quelle qu’elle soit. J’ai des joueurs qui font le carême en ce moment, c’est 46 jours, c’est différent dans l’approche de cette religion. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on ne voit que les inconvénients. Moi, je ne vois que les avantages. Ça crée de la cohésion, des discussions, une solidarité que, peut-être, les gens ne voient pas sur un terrain de football.
J’appelle ça de la discrimination religieuse (…) parce que si on le fait sur une religion, il faut le faire sur toutes les religions
Quand on a recruté nos joueurs on savait qui ils étaient humainement, quelle religion ils pratiquaient, on ne s’est pas réveillé la veille du ramadan. Notre job, c’est de les accompagner. Ce que je vois, c’est très dur à lire et à entendre. J’appelle ça de la discrimination religieuse (…) parce que si on le fait sur une religion, il faut le faire sur toutes les religions, et ce n’est pas le cas aujourd’hui (…)
On stigmatise cette religion et on met les gens dans des cases, on est en train de diviser, alors qu’on devrait unir autour de cette logique de religion et de partage. Ce que je vois, ce sont mes joueurs qui jeûnent, à côté de joueurs qui ne jeûnent pas, il y a un échange, ça rigole, ils partagent les mêmes moments et ça, j’appelle ça de la cohésion (…)
Ce qui me dérange, c’est de penser que des joueurs ne sont pas performants parce qu’ils font le ramadan
Je suis très fier que mes joueurs se retrouvent dans leur foi, quelle qu’elle soit. Ce qui me dérange, c’est de penser que des joueurs ne sont pas performants parce qu’ils font le ramadan. Quand vous regardez mon équipe, aujourd’hui, j’en ai 14 [qui font le ramadan] et 5 qui font le carême. Sur un groupe de 26 joueurs, j’ai 19 joueurs qui sont impliqués dans une religion qui amène à jeûner (…)
Ce dont on ne se rend pas compte, c’est qu’à ce moment-là ils se retrouvent avec eux-mêmes, c’est une force supplémentaire pour eux. En aucun cas, mon équipe est impactée par le ramadan ou une autre religion et vous l’avez vu ce soir. J’ai 14 joueurs qui font le ramadan, 6 étaient sur le terrain, qui ont jeûné et coupé le jeûne à 19h10, le match étant à 19h30. Vous avez vu le match de Merwan (Ifnaoui, joueur du Red Star) ? Ça vous donne la réponse à la problématique que tout le monde expose aujourd’hui.»
Mohamed NDIAYE