Séga Sakho, figure emblématique du football sénégalais des années 70, s’est éteint dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 septembre 2024, à l’âge de 75 ans, à l’hôpital Principal de Dakar. Ancien international sénégalais, il a marqué son temps et fait peut-être partie de ses légendes nées un peu tôt pour vivre de leur art comme ses petits-fils.
Né en 1949 à Rufisque, Séga Sakho grandit à la Médina, un quartier populaire de Dakar où le football est plus qu’un sport : un véritable mode de vie. C’est ici, au cœur des compétitions populaires de la zone A, que le jeune Sakho commence à démontrer son talent unique avant de rejoindre l’US Gorée en 1969. Il entame alors une carrière qui va rapidement faire de lui une légende vivante du football sénégalais.
Les années de gloire avec l’US Gorée et la Jeanne d’Arc
Séga Sakho se fait connaître du grand public avec l’US Gorée, mais c’est à la Jeanne d’Arc (JA) qu’il inscrit son nom parmi les immortels du football sénégalais. Champion du Sénégal en 1973 et vainqueur de la Coupe du Sénégal en 1974 avec la JA, il marque les esprits lors des campagnes africaines du club, notamment en Coupe des clubs champions, où il inscrit un but décisif contre l’Asec Mimosas. Sakho ne se contente pas d’impressionner par ses performances ; il enflamme les stades par son style unique, fait de dribbles déroutants et de feintes imparables.
Mamadou Koumé, journaliste sportif et auteur de « Sénégal, la saga de l’équipe nationale de football », évoque avec émotion ses souvenirs de Sakho en ces termes : « Séga Sakho, sélectionné de 1971 à 1975 en équipe nationale, est un ailier qui crée le danger avec un jeu déroutant pour les défenseurs chargés de veiller sur lui. Il a un style qui lui est personnel avec ses feintes. » Koumé rappelle également son match amical inaugural avec l’équipe nationale contre le Mali, où il a marqué l’un des buts lors de la victoire 4-1 à Dakar.
L’Aventurier en France et l’International sénégalais
Au-delà des frontières sénégalaises, Sakho poursuit son aventure footballistique en France, où il joue pendant deux ans avec le club de Saint-Quentin. Mais en ces temps le football hexagonal n’est pas encore métier à part entière qui permet de gagner sa vie convenablement. Son séjour en Europe ne fait toutefois qu’enrichir son expérience et affûter sa technique. Sa polyvalence lui permet de jouer avec ses deux pieds malgré une formation de gaucher, un atout rare qui lui vaut le respect de ses pairs.
International sénégalais de 1970 à 1977, Sakho est surnommé « le Garrincha des tropiques africains », en référence au célèbre ailier brésilien. Ibrahima Ba Eusebio, ancien international sénégalais et ami proche de Sakho, déclare : « Sega jouait comme Garrincha. C’est le seul ailier qui faisait mal à tous les défenseurs latéraux, que ce soit à droite ou à gauche, il était trop fort. Sega avait un don sur le plan technique et individuel que personne n’avait. Un ailier de débordement, très bon en 1 contre 1, une intelligence inouïe. »
Un talent qui dépassait le terrain
Pour ses coéquipiers, Séga Sakho était plus qu’un simple joueur. Il incarnait une philosophie du football basée sur le plaisir de jouer et la convivialité sans frontière. Diomansi Bomboté, journaliste basé à Bamako et ancien enseignant au CESTI-UCAD, se souvient de Sakho avec affection : « Noyé dans son maillot qui semblait toujours plus grand pour lui, il entrait sur le terrain comme sur une scène de théâtre. Il ne se prenait jamais au sérieux même dans les moments les plus cruciaux. Ses espiègleries déprimaient ses adversaires les plus coriaces et plongeaient l’assistance dans une hilarité déconcertante. »
Sakho, malgré son caractère jovial et espiègle, savait aussi faire preuve d’un grand sérieux. Pape Mbengue, ancien joueur et ami de Sega Sakho, se remémore l’influence positive de Sakho sur la nouvelle génération : « Séga était un père pour la nouvelle génération. Il leur donnait tous, sans exception, de bons conseils. ».
«C’était un rassembleur, un coordinateur hors pair »
Séga Sakho n’était pas seulement un footballeur talentueux, il était aussi un homme de grande générosité et d’humilité. Pour lui, le football c’était aussi un moyen de rassembler et d’inspirer. « Il était un homme véridique qui détestait l’injustice, vivait en communauté, c’était un rassembleur, un coordinateur hors pair », confie encore Pape Mbengue. En dehors des terrains, il jouait un rôle crucial dans la vie des autres, notamment en coordonnant des aides de Tabaski et des billets pour la Mecque pour ses anciens coéquipiers.
« Sega restera gravé dans nos cœurs et nos esprits », conclut Pape Mbengue. « Il avait représenté dignement le Sénégal et défendu loyalement les clubs où il évoluait. On ne peut pas l’oublier car il a tout donné au football. Nous nous en remettons à Dieu et continuerons toujours à prier pour le repos éternel de son âme. »
Venu comme supporter, il finit par jouer et marquer trois buts
Pape Mbengue, ancien joueur et ami proche de Séga Sakho, partage un témoignage poignant sur le joueur qui a marqué l’histoire du football sénégalais des années 70. Il se souvient de leur première rencontre au stade Assane Diouf lors d’un match espoir entre la Jeanne d’Arc (JA) et Dial Diop. « Séga était venu comme supporter, mais il a été proposé pour jouer par feu Abib Sow. Après être entré en cours de match, Sega a impressionné tout le monde et a marqué trois buts, renversant la situation en faveur de la JA », raconte-t-il.
Pape Mbengue évoque également la contribution significative de Séga Sakho au football sénégalais, tant au niveau des clubs qu’en équipe nationale. « Sega était connu pour sa technique, sa vivacité, et son caractère courageux. Ses dribbles uniques et son style de jeu imprévisible effraient les défenseurs et les gardiens adverses. »
Il se rappelle particulièrement de la finale JA/Jaraaf en 1973, où Sega, revenant de la Linguère, n’avait pas été sélectionné pour jouer, ce qui avait rassuré le gardien adverse, Demba Mbaye. En dehors du terrain, Sega était une personne joviale et généreuse, impliquée dans la vie communautaire.
Ainsi, Séga Sakho aura marqué son temps non seulement par son talent, mais aussi par son humanité, ses valeurs et son dévouement à la communauté.
Khadim DIAKHATÉ
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